Aita figure sous la catégorie « drame », mais le mot ne convient pas. Le lieu qu’il occupe tient à la fois du documentaire, de la fiction et de l’essai. Il s’agit d’une vieille maison médiévale située dans le village basque d’Astigarraga, du gardien qui prend soin d’elle, du prêtre qui vient s’entretenir avec lui. Il n’y a pas d’histoire,
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à proprement parler, bien que le père du titre suggère que quelque affaire de filiation cherche ici à sedénouer. Il n’y a que l’attention amoureusement portée au lent, à l’irrésistible travail de la hantise : les ombres ou les moisissures sur des murs ; les sons qui tout à coup montent, symphonie, pluie, parole rare ; le jardin autour de la maison qui est aussi, étrangement, un jardin à l’intérieur de la maison. La hantise, on le sait, peut être une définition du cinéma : celui-ci est hanté, c’est l’art des fantômes ; des projections finiront d’ailleurs par ajouter leurs propres motifs, leur herbier à celui que dessinaient déjà les nuages, les feuilles, les taches… La tempête guette, l’orage va éclater, né de la double accumulation du temps et des images dans les murs. La hantise, on le sait également, est une autre manière dedésigner le simple fait d’habiter : celui qui habite est un hôte, autrement dit un esprit, un fantôme en puissance. Aita est un splendide poème visuel – extraordinaire travail du chef opérateur Jimmy Gimferrer – qui rappelle ce qu’habiter veut d’abord dire : être habité, devenir soi-même « en demeure »
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