Cette Semaine, J'Ai Passé Un Coup De Fil à… Claude Miller !

… en plein tournage de son nouveau film, mais surtout réalisateur accompli ravi de voir son premier long-métrage, La meilleure façon de marcher sortir enfin en DVD.

L'occasion de lui passer un p'tit coup de fil pour savoir enfin pourquoi il détestait à ce point les jolies colonies de vacances (merci maman, merci papa), connaître ses souvenirs et ses regrets aussi… Et juste pour le plaisir qu'il nous chuchote Un secret dans le creux de l'oreille…

Allo Claude Miller ? C'est quoi pour vous la meilleure façon de marcher ?
C'est d'être sincère avec soi-même, éviter les masques et les artifices… Faire que notre comportement corresponde vraiment à ce que l'on est profondément. C'est très difficile, d'ailleurs personne n'y arrive vraiment : on passe sa vie à essayer !

Ca vous fait quoi de le revoir maintenant, trente ans plus tard ? Vous ressentez quoi ?
C'est un film que j'aime bien… A l'époque, je pensais que ce serait une sortie un peu confidentielle, mais le film a connu un certain succès à la fois populaire et critique, et donc c'est lui qui m'a permis de lancer ma carrière de cinéaste… Donc j'ai beaucoup de tendresse pour lui. Aussi parce qu'il y a des gens que j'aimais qui ont travaillé dessus et qui ne sont plus là, comme Patrick Dewaere, ou… euh… l'actrice…

Christine Pascal ?
Oui ! Merci… Trou de mémoire ! Du à mon grand âge, sans doute ! (rires)

Quels souvenirs en gardez-vous ?

Un souvenir terrible ! La première chose que je retiens en pensant à ce film, c'est l'angoisse de la veille du premier jour de tournage, la terreur totale, sans doute le pire moment de ma vie ! Je me disais "je suis un imposteur, je ne serais jamais capable de faire ce film"… Je n'ai pas dormi de la nuit, je méditais même la possibilité de m'enfuir, de disparaître ou même d'avoir un accident ! Puis, la machine s'est lancée et tout c'est bien passé… Je pense que beaucoup de réalisateurs reconnaîtront ces sensations !

Mais écoutez, mise à part cette première nuit d'insomnie, j'en garde un très très bon souvenir, comme par exemple l'énorme amitié qui s'est nouée entre les deux Patrick, Dewaere et Bouchitey, qui ne se connaissaient pas avant le film.

D'ailleurs, avez-vous une anecdote sur le tournage, les acteurs, quelque chose qui vous aurez marqué ?
… La joie des enfants ! Tous les enfants que l'on voit dans le film sont des enfants qui n'avaient pas les moyens de partir en vacances cet été-là, qui sont donc venus travailler avec nous… Et nous avions transformé le lieu de tournage en une vraie colonie de vacances, avec des moniteurs qui s'occupaient d'eux, et nous, on venait les chercher quand on avait besoin… Je crois qu'ils en gardent tous un très bon souvenir.

Si vous faisiez ce film aujourd'hui, vous changeriez quelque chose ?
J'ai toujours trouvé l'affrontement final entre les deux Patrick un peu abstrait… Je le filmerais mieux aujourd'hui, pour en faire quelque chose de plus violent, je pense. Mais sinon j'aime bien le film comme il est… D'ailleurs, je ne suis pas sûr que je referais mieux aujourd'hui !!

Vous n'aimez toujours pas les colonies de vacances ?
Ce n'est pas que je ne les aime pas, je trouve le principe très bien… C'est que je ne les aimais pas enfant, je gardais ce souvenir d'été entre école et service militaire… Maintenant il y a des colos très bien, avec plus de liberté, où l'on n'oblige pas les enfants à marcher au pas ! Mais j'en garde de mauvais souvenirs… On soumet aux enfants un monde fait par les adultes, donc forcément…

Sinon, qu'est-ce que vous avez envie de dire aux spectateurs qui découvrent votre film aujourd'hui ?
Euh, je ne sais pas… Je pense que le film leur dit les choses que je veux leur dire : soyez tolérant, ne pensez pas que les gens sont fait comme vous… Essayons de nous comprendre avec nos différences.

Pour parler du DVD en lui-même, à quel point vous êtes-vous impliqué dans sa création ?
En fait, c'est un film dont j'ai les droits, donc c'est vraiment une démarche personnelle. Je voulais voir le film sortir en DVD, et je trouvais que MK2 proposait des choses très bien… C'est donc moi qui ai proposé à MK2 de le sortir. Et puis, bien sûr, j'ai participé à l'étalonnage pour être sûr que la copie soit bien respectée, et aux bonus avec l'interview que l'on trouve en suppléments.

Sinon, vous êtes plutôt salle obscure ou DVD ?
Je suis un grand fétichiste du DVD, pas tellement pour voir que pour avoir ! Un vrai collectionneur !

Vous en avez des murs entiers ?
Oui, c'est presque ça ! Je n'aurais peut-être même pas le temps de tout voir dans le temps qu'il me reste à vivre ! C'est un peu une revanche sur ma jeunesse, où l'on ne pouvait voir les films qu'au cinéma. J'avais déjà énormément de VHS, que je suis en train de remplacer en DVD. Mais je préfère tout de même découvrir les films au cinéma, sur grand écran, dans l'obscurité… Quand un film est bon, il capte beaucoup plus au cinéma qu'en DVD. En fait, le gros problème du DVD, c'est qu'il n'y a que les chefs d'œuvre qui passent bien, qui restent : un film médiocre, on est sans pitié, on zappe, on en met un autre. Le DVD, c'est pour les grands films !

C'est une bonne chose pour le vôtre, alors ?
J'en sais rien, je suis mal placé pour juger… Mais ce que je dis, c'est que s'il est bon, alors oui, c'est pas mal pour lui !

Pour parler cinéma, y a-t-il un cinéaste qui vous plait dans la jeune génération ?
Oh, oui ! Bien sûr ! Arnaud Desplechin, par exemple, j'ai vraiment beaucoup Rois et Reines… Ou encore Jérôme Bonnel, je lui prédis une grande carrière, il a vraiment une patte, ce petit quelque chose que l'on voit déjà dans Les yeux clairs...

Quant à vous, vous êtes en plein tournage avec Cécile de France et Patrick Bruel, vous pouvez nous en parler un peu ? A moins que ce ne soit… Un Secret ?
(rires) Non, ce n'est pas un secret… enfin, si, parce que c'est le titre du film, Un secret ! C'est l'adaptation du livre de Philippe Grimbert, qui a obtenu le Goncourt des lycéens l'année dernière. C'est une saga familiale, l'histoire d'une famille juive française que l'on suit des années 30 jusque dans les années 80… L'histoire d'un secret de famille, de passions très fortes, et d'adultère, sur fond de Shoah et de persécution nazie…

Pourquoi avoir choisi Patriiiiiick ?
Parce que c'est d'abord un acteur avant d'être un chanteur… D'ailleurs, j'espère qu'avec ce film-là, les gens vont voir que ce n'est pas seulement le chanteur que l'on connaît trop bien.

Et sinon, qu'est-ce que vous faites demain ?
Qu'est-ce que je fais demain ??? Demain… Je fais des repérages pour les décors du film.

Ok… Et enfin, est-ce que vous avez un petit quelque chose à dire aux internautes ?
Euh… qu'ils continuent à télécharger à mort mais qu'ils acceptent de donner un peu d'argent pour que l'on puisse payer les factures ! Sinon, il n'y aura plus de films parce qu'on ne pourra plus les financer…

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Propos recueillis par téléphone par Aurélie Maulard (Mars 2006)