Kad et Olivier nous disent tout sur L'Antotologie !

Perdus au fond d'un Coste parisien et de sa décoration très discutable, j'aperçois les deux hommes recherchés. Oui, même de dos, on ne s'y trompe pas, c'est le duo Kad et O. Kad Merad et Olivier Barroux m'accueillent très gentiment à leur table, se moquent un peu de mon dictaphone puis me parlent de leur nouveau DVD, Kad et Olivier - Antotologie, la bien-nommée. Attention aux distractions…

Pourquoi ce DVD ? Etes-vous pris d'un peu de nostalgie ?
Olivier : Premièrement, on est toujours ensemble. . À un moment, il fallait bien graver sur un seul et même produit une sorte de panel de ce que l'on avait pu faire car a priori on se dirige plus vers le cinéma et ce n'est pas demain que l'on va refaire de la télévision ou du sketch alors on s'est dit que c'était le moment. On a fait une sélection. Sur mille sketches, on en a mis 150 avec des inédits et des choses un peu passées inaperçues comme le sketch de l'hyper show que peu de personne ont vu. Tout à coup on s'est dit : mettons les sur un DVD, tout ça plus les tubes qu'on a pu faire à Comédie et graver tout cela dans le marbre.

D'où le titre du DVD Kad et Olivier - Antotologie...
Kad : Exactement car c'est bien plus qu'une anthologie. Mais c'est aussi un clin d'œil au sketch de Toto et la bouteille de bière.
Olivier : Un grand moment…

Olivier : C'est pour démontrer que l'on peut faire une comédie musicale avec n'importe quoi.

Est-ce une manière de mettre un terme à cette époque ?
Kad : Pas mettre un terme car finalement on fait toujours de la télévision mais maintenant on est producteurs. Des petits trucs. On fume des cigares et on roule en Maserati.

Kad : Non, c'est faux, on roule en Cherokee… Pour l'instant, on produit pour la télévision et puis, il viendra peut être un moment où on aura envie de refaire un truc mais c'est vrai que pour l'instant on est plus dans cet état d'esprit. On fait du cinéma. On a déjà fait deux films, on a envie d’en faire d'autres, d'en réaliser d'autres et d'en jouer d'autres.
Olivier : Et puis il faut qu'il y ait de la demande de la part des télévisions. Et si on venait nous voir pour nous demander de présenter un jeu, pour participer comme comique-rubriqueur à faire le con ou le sniper, on dirait non… Ça nous intéresse plus du tout. Mais si demain on nous dit : voilà, on aime ce que vous faites, vous avez une heure pour délirer, vous avez carte blanche comme font souvent les américains et les anglais et tout ça dans une enveloppe correcte et bah, on y va. Mais si c'est pour refaire ce qu'on a déjà fait…
Kad : On a pratiquement tout fait nous à la télévision. On a été chez Delarue, on a été les bouffons d'Ardisson, on a fait nos propres choses, on a été à la fois des sketch-men, des animateurs… Qu'est-ce que vous voulez qu'on fasse maintenant ? Nous ce qu'on veut c'est faire à chaque fois des choses différentes. D'ailleurs maintenant, on se lance dans la restauration ! Je viens de racheter McDo ! Hier, j'ai signé, ça y est.

Olivier : Ca y est ?
Kad : Ouais. 60 millions de dollars millions
Olivier : T'as pris un crédit ?
Kad : J'ai pris un crédit ? Non, j'ai fais un chèque, j'avais un carnet de chèques. C'est bon de rire, hein ? Ca t'en bouche un coin.

Faut que je remette mes idées en place.
Kad : Ah oui, t'es pas avec Samuel Lebihan, là…

Pour vous, le cinéma c'était une progression obligatoire ?
Kad : Le cinéma, c'est génial. Quand on s'est rencontré en 1991, on savait qu'on allait faire du cinéma, on le voulait. On était tout les deux des fans de cinéma, l'objet cinéma nous intéressait. D'avoir fait deux films, et un troisième prochainement, de les avoir écrit et d'avoir joué dedans… Pour nous, c'est une consécration. Maintenant, Olivier réalise et moi j'ai beaucoup tourné comme acteur dernièrement. Peut être trop selon certains.
Olivier : Qui dit ça ? Il devient parano. Parano-man !
Kad : Monsieur, certains diront que j'en fais trop… (puis il redevient sérieux. Un instant.) Olivier, lui, va devenir réalisateur de cinéma. C'est un énorme challenge. Moi, il a fallu que je montre que j'étais un acteur autre que comique, plus qu'un bouffon. Maintenant, c'est au tour d'Olivier. Il va falloir qu'il prouve qu'il peut réaliser autre chose que des sketchs.

Kad : Bah, oui, réaliser un film c'est pas anodin… Jouer, c'est plus facile, en tout cas, pour nous. Réaliser un film, c'est plus difficile que ce que j'ai eu à faire.
Olivier : C'est vraiment un défi surtout sachant que sur dix réalisateurs, il n'y en a que deux qui refont un film derrière.
Kad : Et tu vas te planter, je vais te dire !
Olivier : C'est assez flippant.
Kad : Souvenez-vous bien. Olivier Barroux !

Olivier, que pouvez-vous nous dire sur ce premier film ?
Olivier : Mais bon, j'ai un bon casting.
Kad : Il n’y aurait pas Kad Merad dedans ?
Olivier : Jean-Paul Rouve, Mélanie Doutey, Philippe Lefebvre et Kad Merad.
Kad : Et Kad Merad.

Vous avez déjà un titre ?
Olivier : Ce soir, je dors chez toi, une comédie romantique à l'anglaise.

Et vous en êtes le scénariste ?
Olivier : Absolument pas. C'est Jean Paul Bathany qui est quelqu'un de très talentueux et qui a d'ailleurs co-écrit Essaye-moi de Pierre François Martin-Laval. C'est vraiment un génie et je suis très fier de mettre en image son scénario.

Vous ne vouliez pas être devant la caméra aussi ?
Olivier : Oh non, réalisateur, c'est un métier. Je veux m’y consacrer pleinement.
Kad : Tu viendras faire des apparitions.
Olivier : Non, même pas.
Kad : Ouais c'est vrai que c'est devenu un peu classique.
Olivier : T'as vu le film de Guillaume Canet ? Il est bien mais c'est un vrai défilé.

Est-ce une consécration de vous attaquez à votre premier film ?
Olivier : Je pense que la vraie consécration sera de mettre en scène mon film que j'aurais fait de A à Z.

C'est un rêve ?
Olivier : C'est plus qu'un rêve. Ça va se faire.

Sur un scénario de vous deux ?
Olivier : Non, un scénario que j'écris avec un autre copain. Ça va se faire mais faut le temps. Il faut aussi que je fasse mes preuves. Je suis tombé sur un très bon producteur, je suis très content.

Après 15 ans de collaboration, votre méthode de travail doit être rodé. Est-ce que travailler sur les scénarii de vos films a changé vos habitudes ?
Kad : C'est mille fois plus loin. On travaille de 10h à 13h. On va déjeuner puis on reprend de 14h30 à 18h.
Olivier : C'est très scolaire.
Kad : C'est pénible d'écrire un scénario. Pendant nos années de sketchs, ceux de Comédie par exemple, c'était un rythme. On arrivait à 10h le matin et on écrivait nos quatre sketchs qu'on devait jouer le soir même. Un sketch, c'est spontané, c'est immédiat. Un film, c'est dur. C'est long d'avoir la version définitive. Tu y passes des mois, des années…
Olivier : Quand on fait de la télévision quotidienne, il suffit de relire tous les soirs un certain nombre de sketchs et ça vient tout seul. Et si c'est pas très très drôle, les spectateurs reviendront quand même la semaine suivante. Mais lorsqu'il s'agit d'écrire un film il faut se mettre derrière le fourneau pendant très longtemps avant de sortir…
Kad : Le plat ! Cette métaphore « cuisinale » est très bonne !

Mais qui a tué Pamela Rose ? et Un ticket pour l'espace ont été réalisé par Eric Lartigau. Olivier, l'avez-vous observé au travail ?
Olivier : C'est une école. Voir ses angoisses, ses problèmes… C'est un énorme challenge de réaliser un film. Il faut être bien entouré. Il faut un très bon producteur, un très bon premier assistant réalisateur, un directeur de production sympathique qui comprend aussi que c'est votre premier long-métrage et qui ne va pas vous « faire la montre » tout le temps.
Kad : D'ailleurs, tu l'as rencontré ton premier ?
Olivier : Oui, tu sais c'est celui de Claude Berri, Thierry Mauvoisin.
Kad : Ah ! Mon voisin… Il s'appelle Mauvoisin et c'est mon voisin. C'est drôle, hein ?

Cocasse… Et le début du tournage ?
Olivier : Normalement, si tout va bien, on commence début janvier. Par une scène de supermarché.
Kad : Et moi je commence quand ? J'ai besoin de savoir.
Olivier : Le… 15.

Kad, parlez-nous de votre expérience d'acteur.

Kad : Un bouffon, c'est un comédien, c'est un acteur. Je dis toujours que c'est parce que j'étais copain avec Christophe Barratier (Les Choristes) et qu'il m'a mis dans son film en me disant : « J'ai envie de t'avoir dans mon film, tu serais très bien dedans ». Il aurait très bien pu demander à Olivier mais c'était pas le copain d'Olivier. Tout a coup, j'étais dans un film, dans un rôle normal. Ça a l'air bête de dire « normal » mais quand on ne fait pas du comique, on est normal. Je me suis retrouvé par hasard dans ce film qui a été un phénomène. J'étais dedans et tout à coup Philippe Lioret (Je vais bien, ne t'en fais pas), Pierre Jolivet (Je crois que je l'aime) et plein d'autres metteurs en scène m'ont vu en train de faire l'acteur. Ce que je faisais déjà évidemment mais tout a coup il m'ont vu. Je ne suis pas pour autant meilleur mais maintenant, ils me voient.
Olivier : C'est toujours plus payant quand un comique fait un rôle dramatique que quand un acteur « normal » se met au comique. D'ailleurs, vous constaterez que les comédies ne sont jamais récompensées aux César.
Kad : J'ai juste fait la même chose mais avec la même intention, énergie et sincérité. C'est compliqué à expliquer mais pour moi je fais mon boulot d'acteur. Je suis un acteur. Tout simplement. Je ne veux pas être quelque chose de plus que ça et surtout pas un comique qui se la pête. Si je fais une comédie avec Olivier, j'y prendrais autant de plaisir que si demain je fais un film avec un réalisateur "normal". Voilà ! Vous n'avez rien entendu à ce que je disais parce que vous regardiez l'autre, hein?
Pas de soucis. C'est dans la boîte.
Kad : Très bien...

Bien contente d’avoir rencontré ce joyeux duo, je retourne à ma vie. Il ne me reste plus qu’à écrire ce papier et à trouver une phrase de fin acceptable. Kad aura le dernier mot : « Au revoir », hurlé dans mon dictaphone. Mes oreilles s’en souviennent encore...

Kad et Olivier - Antotologie : Sortie le 2 janvier (Studio Canal)

Propos recueillis par Marine Bedaux (décembre 2006)