New Delire : j'ai passé un coup d'fil au réal !

Avant de composer le numéro d’Eric Le Roch ce lundi 2 juillet, je me souviens des messages laissés sur mobiles interposés. Eric Le Roch, co-réalisateur de New Delire, Les Aventures D'Un Indien Dans Le Show-biz était injoignable, car en avant-première au Cap d’Agde avec Pascal Légitimus. Je souris en les imaginant : blagues fusant à tout-va, jeux de mots salaces etc…
Bref, après un « Bonjour Eric », impossible d’étouffer un rire angoissé, mais Eric Le Roch a le cœur grand, et met à l’aise, cash.

Après Le bal des casse-pieds, Incontrôlable, Les Aristos, satisfait de votre propre film ?
Oui tout à fait. J’en fais pas beaucoup et j’en refuse pas mal. C’était important que je fasse quelque chose dans une démarche qui me soit sincère, enthousiaste, sinon je ne l’aurais pas fait.

D’où est venue cette idée de doubler un film de Bollywood ?
J’étais membre du jury dans un festival, avec Pascal Legitimus et Laurent Gerra. On a émis cette idée, on trouvait ça bidonnant.. Parce qu’on l’a tous fait, couper le son, et faire des parodies de séries ou de films. Cela avait déjà été fait par Woody Allen dans les années 70 et par Canal +, dans Le Grand détournement. Puis j’ai eu l’idée de faire une parodie avec un film de Bollywood. Au fur et à mesure que le projet prenait forme, j’ai réuni les moyens pour le faire. J’ai trouvé le film indien, défini les paramètres, puis on a trouvé avec Pascal, la productrice, Fabienne Servan- Schreiber.
Laurent (Gerra) a entre-temps quitté le projet, car il était surbooké et ne pouvait pas se rendre aux réunions d’écriture.
Donc avec Pascal, on a construit une dramaturgie, avec le désir de jouer avec les technologies d’aujourd’hui, et introduire des effets spéciaux. Pour New Délire on travaille sur un seul et même film, nous n’avons pas un catalogue dans lequel on peut puiser des infos à l’instar de Canal +.

On sent que vous avez eu envie d’ouvrir les vannes, question humour, appréhendez-vous la critique?
On avait envie de se marrer, après que ça plaise ou que ça ne plaise pas, c’est malheureux mais c’est comme ça. Nous, on avait envie de rigoler, d’écrire des choses qui étaient les nôtres. C’est quand même un grand privilège d’avoir pu le faire. Tout ça s’est concrétisé grâce à Fabienne. Le problème qu’on a rencontré, c’est que tout le monde trouvait ça formidable, mais personne ne voulait le payer. C’est Fabienne qui a pris tous les risques et qui a fait en sorte qu’on puisse le faire, dans une globale liberté. Même si on soumettait tout ce qu’on faisait à l’équipe de production, elle était aussi enthousiaste que nous.

Il est vrai que la difficulté dans l’humour c’est qu’on a envie de plaire à tout le monde, et qu’on ne plaira pas à tout le monde. Ce sont des choses qui nous, nous font rire, mais bon…
Il y a des gens qui trouveront New Delire, les Aventures D'Un Indien Dans Le Show-biz génial, d’autres, nul. Et le plaisir qu’on a pris à le faire ne nous sera pas enlevé par les critiques de certains. Je suis super content, parce qu’on a partagé des bonnes crises de fous rires (la Ferme des célébrités revue et corrigée). Maintenant, la création est un risque en soi, et puis je ne ferais pas 150 films, mais que des films qui m’éclatent. À un moment donné, il faut faire un choix.

Entre Le soleil au-dessus des nuages (2001) et New Delire, les Aventures D'Un Indien Dans Le Show-biz, on m’a proposé des films que j’ai refusé (non je ne dirais pas lesquels – ). Je n’avais pas envie de laisser l’empreinte d’un film dont je n’étais pas content, en tant que réalisateur. Je suis plus ludique dans mes choix de comédien, quand ce sont des copains qui me proposent des scénarios par exemple. Je me fous un peu de l’image que j’ai de moi en tant qu’acteur. Sur le plan de la réalisation, en revanche, j’ai des exigences.
Vous savez, on travaille sur plein de strates au niveau de l’humour, ce qui est drôle c’est qu’on a des ados qui adorent ainsi que des gens de 50 ans, mais ils ne rient pas pour les mêmes choses.

Est-ce que c’était une volonté pour vous de prendre l’aspect intello du cinéma français à contre-pieds ?
Moi j’ai envie de m’amuser d’être heureux, que ce soit une chose grave et profonde, ou une chose légère, la réflexion ne doit pas empêcher le plaisir. Mais un acte créatif en soi est une belle chose. Faut pas se prendre plus la tête que ça, quand on voit le conflit au Darfour et le Tibet envahi par la Chine…

Avez-vous d’autres projets cinématographiques en vue ?
Au jour d’aujourd’hui, il y en a un que je suis en train de tourner en ce moment à la campagne : un faux documentaire du style Strip-tease(l’émission), sûrement terminé fin septembre. Puis sinon, j’ai un projet plus traditionnel qui s’appelle La voie du Papillon. Il devrait se tourner au printemps de l’année prochaine ; d’ailleurs, on a eu l’accord de Charlotte de Turckheim, Antoine Duléry, et peut-être Sylvie Testud. Il ne nous manque plus que le rôle principal masculin.
Attention, je ne fais pas non plus que dans le comique, j’ai réalisé des courts-métrages diffusés sur France 5, Psychofiction, avec des moments de réflexion plus profonds. Le point commun entre tout ça c’est la joie, le plaisir d’être enthousiaste.
Le jour où je serais blasé, ça voudra dire que j’aurais perdu l’essentiel : je ne peux pas me nourrir du plaisir ou du déplaisir des uns ou des autres.

Propos recueillis par téléphone par Octobre Carayon (3 juillet 2007)