On a parlé au nouveau papa des Tortues Ninja !

Elles sont de retoOOour ! On se souvient tous du générique bégayant des Tortues ninja. On était p’tiots, certes, n’empêche ça marque ! et les voilà qui reviennent… et sur grand écran qui plus est. Alors, oui : certains diront qu’ils sont peut-être un peu trop vieux, peut-être un peu trop sérieux. A Commeaucinema, on se dit qu’il n’y a pas de raison. Rendez-vous donc un mercredi soir comme un autre. Pendus (« mis en attente », pour être exact) au téléphone depuis déjà 10 minutes, on patiente en attendant que « le bureau de Los Angeles soit prêt ». A la clé ? Un entretien avec Kevin Munroe, heureux réalisateur du film Les Tortues Ninja et nouveau venu dans le monde de l’anim’.

« Hello ? » Ah, tiens, le voilà, poli et charmant – heureux de parler de son premier film… « Hi France ! Good morning ! » Ben non, «Goud Naiiiite » avec le décalage horaire…

Comment êtes-vous arrivé sur cette adaptation ?
Il y a deux ou trois ans, je travaillais sur différents projets - scénarii, pilots - à Hollywood. A cette époque, j’ai rencontré une équipe planchant sur un drôle de projet, une histoire de chat et chien , . Tout un truc avec des animaux qui parlent. On a sympathisé et j’ai eu l’occasion de travailler un peu sur le projet. Un jour, ils m’ont annoncé qu’ils préparaient une nouvelle adaptation des Tortues Ninja. Je me suis tout de suite dit « Mince je veux en être ! ». J’ai alors commencé à bosser d’arrache-pied dessus, j’ai également rencontré différents contacts, jusqu’au co-créateur et ne souhaitant qu’une chose : être choisi pour réaliser le film.

Vous avez rencontré les créateurs des tortues ?
Oui, enfin, seulement un des deux , mais il était emballé par le projet et nous a donné le feu vert. Vous savez, je suis un fan de longue date… depuis les débuts du comic en 1985. J’étais vraiment motivé et après toutes ces rencontres, je me disais « Au pire, si je ne suis pas pris, au moins j’aurais rencontré les créateurs des tortues. ». On a passé la journée ensemble, parlant et marchant – moi lui expliquant ce que j’avais en tête. Au moment de se quitter, je lui ai donné un de mes comics à dédicacer. Il signe et me tend le bouquin. Une fois dans le taxi du retour, je l’ai rouvert pour lire la dédicace, il y avait écrit : « Cher Kevin, faites un bon film ». J’étais aux anges !

Vous co-signez également cette adaptation. Après le comic, les séries TV, les jeux vidéos et même les films, quelle a été votre source d’inspiration ?
Les comics, bien sûr, en priorité. Les films également, pour les relations entre les personnages. En revanche, je n’ai pas revu les dessins animés TV qui sont, à mon goût, trop édulcorés.

On retrouve énormément de clins d’oeils aux précédents films…
Oui. Je trouvais ça amusant que les fans puissent retrouver leur univers. Je ne voulais pas raconter une « nouvelle » histoire sur l’origine des tortues. J’aimais l’idée que le spectateur n’arrive pas en terre inconnue, que ce qu’il voit à l’écran lui semble familier en quelques sortes. En tant que « nouveau venu », on s’attendait à ce que je fasse un rebirth avec une franchise connue. Moi, je tenais vraiment à aborder ces personnages d’un point de vue plus humain du style « Bon, on les connaît, ils sont super forts, mais que vont-ils faire maintenant ? ». J’aimais l’idée de reprendre l’histoire en cours de route, d’être jeté dedans.

Pourtant, la majorité du public du film risque d’être trop jeune pour se souvenir de nos tortues bouffeuses de pizza. N’est-ce pas un peu risqué comme pari ?
Si bien sûr ! Mais j’ai essayé de faire en sorte que n’importe qui – fan ou pas – puisse entrer dans le film avec la même excitation.
Quoi qu’il arrive, je crois sincèrement que l’histoire fonctionne d’elle-même. Vous savez, on connaît tous, de près ou de loin, des familles éclatées ou déchirées par la vie et les disputes et qui ont besoin d’un but commun pour s’en sortir. Dans le film, les 4 frères sont en crise et, du coup, ont presque « besoin » d’avoir un ennemi commun afin de se retrouver, de se ressouder.

Les Tortues Ninja version 2007 est étonnement sombre – voire mature. Vous étiez triste étant ado ?
Non ! En fait, c’est une influence directe de la BD originale – qui est bien plus sombre que ce qui a pu se faire par la suite dans les films ou les séries TV. C’était important pour moi. De même, visuellement, on s’est orienté vers un film assez sombre, un peu comme les vieux films Noirs - comme LE TROISIEME HOMME. On a d’abord travaillé en noir et blanc. Il était important de soigner cet aspect visuel afin de ne pas perdre de vue les tensions dramatiques du film. Je voulais m’éloigner des personnages caricaturaux des derniers opus et mettre en avant une forme de complexité. La scène où Leonardo et Raphael se battent est cruciale. La comédie est toujours présente, mais j’ai essayé de rendre tout ça plus mature, certes, mais aussi plus universel.

Des influences avouées ? Vos personnages « humains » rappellent furieusement Les Indestructibles…
Je ne sais pas trop… On aurait pu aller très loin dans la vraisemblance physique des personnages, mais nous ne voulions pas que ça rejette les tortues en périphérie, tels des monstres. En revanche, on s’est plus ou moins inspiré des anthropomorphismes de SHREK et de la flexibilité des expressions faciales.

Des envies de suite ?
Oui… Je crois qu’il y a encore beaucoup à raconter sur les tortues… Les personnages de Michelangelo et Donatello mériteraient d’être fouillés par exemple.

Ainsi que celui de Splinter !
En effet, c’est d’ailleurs amusant car, à l’origine, il y avait bien plus de scènes avec lui dans TMNT. Mais, même si elles était intéressantes, elles ralentissaient l’action alors nous avons dû les retirer. Pourtant, il y a tant de « father and son » situations à explorer !.

Les retrouvera-t-on sur le DVD ?
Oh oui, ne vous inquiétez pas ! On a d’ailleurs déjà fait toute une sélection d’images et de reportages.

Quel est votre personnage préféré ?
Ca change tout le temps… Je dirais Raphael. Il est nerveux et en colère, mais à la fois si noble. Il veut agir. Je trouve ça admirable.

… Et votre pizza préférée ?
La plus simple : fromage et bacon … Mes gosses aimeraient que je tente des trucs plus funky comme ananas… mais c’est pas gagné !

Propos recueillis par Eléonore Guerra (Avril 2007)