Rencontre avec les réalisateurs de L'Âge de Glace 4

Rencontre avec les réalisateurs de L'Âge de Glace 4

À l'occasion de la sortie DVD et Blu-Ray de L'Âge de glace 4 : la dérive des continents, les réalisateurs qui se cachent derrière le film d'animation, Steve Martino et Mike Thurmeier, s'attardent sur leur expérience de co-réalisation et donnent par la même occasion leur point de vue sur cette saga rafraîchissante !

Quelle était votre ambition au moment de réaliser L'Âge de glace 4 : la dérive des continents ?

Steve : Le premier jour où nous nous sommes retrouvés avec Mike, et après avoir lu le scénario, nous nous sommes demandés « Qu’allons-nous faire de plus dans ce film pour qu’il ne soit pas juste un nouvel épisode de la franchise? Il va falloir se remonter les bretelles ». Nous avons vu dans cette histoire l’opportunité de créer un film épique de grande envergure, ce qui était important pour nous.

Mike : De façon littérale aussi. Nous avons toujours filmé dans un format de 1.1 :85 et Rio a été le premier film où nous avons fait le choix de tourner dans un format d’écran de 2.35 :1. C’est ce que nous voulions aussi pour L'Âge de glace 4 : la dérive des continents puisque ça se déroule sur l’eau avec des paysages incroyables et l’océan.

Steve : Nous avons collaboré avec notre directeur de la photographie Renato Falcao afin de faire du film une véritable expérience cinématographique – la façon dont nous déplaçons la caméra, la manière dont nous plongeons les spectateurs au cœur de l’histoire, c’est bien meilleur que ce que nous avons fait par le passé. Nous avons été à la fois minutieux, astucieux et créatifs au niveau des prises de vue.

Mike : Nous sommes le premier public des films L'Âge de glace 4 : la dérive des continents ?, et quand nous en réalisons un nouveau, nous voulons être certains que c’est novateur, que l’histoire mérite d’être racontée et qu’elle vaut le détour. Le leitmotiv pour travailler sur ces films, c’est : « Que pouvons-nous faire de différent ? Que pouvons-nous faire de nouveau de façon à ne pas nous répéter ? »

Comment se répartit-on le travail quand deux réalisateurs sont impliqués ?

Steve : Nous travaillons de concert avec notre équipe scénario sur la narration, ce qui arrive dès la réalisation du storyboard. Et nous sommes aussi pleinement investis dans le montage, qui commence au jour 1 et se prolonge jusqu’au jour où on livre le film fini. Tout cela, nous le faisons ensemble – toutes les décisions qui concernent le montage et la narration.

Mike : Et quand l’un de nous est dans la salle de montage, l’autre est dans une autre pièce, nous sommes très complémentaires. Nous échangeons alors pour voir ce que l’autre a fait et faisons des remarques du style « Oui, c’est très bien » ou « Tu sais quoi, j’ai une nouvelle idée que nous pourrions rajouter ». C’est un travail de collaboration et avoir deux réalisateurs ne me paraît pas étrange parce que l’animation est quelque chose d’incroyablement créatif. Rien que pour un seul personnage comme Manny il y a peut-être 60 animateurs différents qui travaillent sur lui à un moment donné. L’objectif est de rendre le produit final cohérent.

Steve : Sur ce type de projets, en particulier la dernière année quand la production est la plus lourde, nous pouvons avoir près de 200 personnes qui travaillent avec nous. Mike vient de l’animation et j’ai été baigné dans l’animation mais je suis arrivé chez Blue Sky Studio en tant que directeur artistique sur Robots et je me sens dans mon élément en ce qui concerne le design et la lumière, donc nous nous appuyons sur nos forces respectives.

Comment expliquez-vous le succès de la série ?

Mike : Si je connaissais la réponse, je l’emballerais, la mettrais en bouteille et deviendrais milliardaire, mais je pense plus sérieusement que les personnages créés pour le premier film avaient une personnalité très forte. La mise en place de l’histoire a été immédiate, puis les épisodes sont tous très différents les uns des autres – ils ont des points communs, ils sont émouvants et drôles, mais le premier impliquait des humains, le deuxième était un road-movie, dans le troisième ils partaient au centre de la terre pour rencontrer les dinosaures, et dans le quatrième c’est une odyssée. Ils sont tous différents. A présent ils affrontent des pirates en pleine mer, ce qui peut sembler bizarre à première vue mais avec les personnages et la créativité qui les anime, ça paraît réel.

Steve : Je juge en fonction de l’équipe avec laquelle nous travaillons, si elle est énergique et fonctionne à plein régime alors le film se fera naturellement et apportera une vision fraîche et neuve. Pour le public ça ne ressemblera pas à quelque chose de remâché, mais au contraire à une toute nouvelle expérience. Je prends toujours la température auprès des gens avec qui nous travaillons parce qu’ils sont notre premier public. Ils ont vécu avec ces films pendant une décennie et ils sont de très bons critiques.

Mike : Nous projetons le film et leur demandons leurs opinions et suggestions. Une autre chose que je dis souvent par rapport au succès international de la franchise c’est que les animaux n’appartiennent pas forcément à un endroit spécifique du monde. C’est une famille intéressante et ils pourraient habiter n’importe où – ils pourraient vivre en Asie, ils pourraient être basés en Europe ou en Amérique du Sud.

C’est le premier film sans Carlos Saldanha aux commandes. Qu’est-ce que ça a changé ?

Mike : Il était toujours là en tant que producteur exécutif et nous lui parlions de temps en temps, mais il semble que L'Âge de glace 4 : la dérive des continents est important pour tout le monde chez Blue Sky. Si vous avez travaillé un moment chez Blue Sky, c’est dans votre ADN. Chacun d’entre nous dans le studio connaît les personnages sur le bout des doigts, ils sont un peu comme une famille pour moi donc nous ne nous sommes mêmes pas rendus compte que Carlos n’était plus là – la matière grise est collective chez Blue Sky.

Steve : Ces gens sont formidables. Ils ont compris que nous avions besoin d’avoir notre propre implication dans la narration de l’histoire, ils étaient toujours là pour nous si nous avions des questions. Souvent vous avez juste besoin d’un regard extérieur; vous supprimez une scène et vous vous dites que quelque chose cloche mais sans arriver à comprendre quoi. Alors nous demandions à Carlos de venir et d’y jeter un œil, afin d’avoir un autre point de vue. Ils ont aussi respecté le fait que nous faisions le film et avions notre mot à dire.

La 3D semble incroyable, mais quel sera le rendu du film sur des écrans domestiques à la fois en 3D et 2D ?

Steve : Nous l’avons regardé sur un Blu-ray 3D et c’était génial. Vous obtenez une image qui a vraiment belle allure, que ce soit en 3D ou en 2D.

Mike : Nous l’avons mixé en 7.1 pour enceintes non professionnelles, notre monteur son était obsédé à l’idée que nous mettions suffisamment d’éléments pour un son vraiment immersif en 7.1 afin que l’expérience soit totale. La 3D n’est pas un gadget – il s’agit surtout de profondeur de champ et de placer les personnages dans le cadre de manière intéressante – afin que les images soient belles dans n’importe quel format.

Est-ce que vous comprenez la fascination que les gens peuvent avoir pour les bonus sur les Blu-ray et DVD ?

Mike : Oh oui ! Nous faisons partie de ces gens-là aussi ! J’adore tous les types de bonus. L’autre jour, j’ai regardé à nouveau Super 8 juste pour entendre J.J. Abrams en parler.

Steve : J’ai revu Alien en Blu-ray et c’est incroyable parce que je suis fasciné par le travail de Ridley Scott, surtout maintenant qu’il a réalisé Prometheus. Regarder le film et écouter les informations sur la genèse de ce premier film, qui n’était que son deuxième long métrage, était très intéressant.

Mike : J’adore connaître les histoires sur les choix qui ont été faits, pourquoi un film n’en est pas devenu un autre. Avec L'Âge de glace 4 : la dérive des continents, par exemple, dans le script original le Capitaine Gutt était le lapin. L’idée c’était un personnage napoléonien qui poursuivait Manny, mais nous nous sommes rendus compte que ce petit lapin ne pouvait pas être une menace pour un Mammouth qui aurait pu l’écraser en une seconde. La question était donc : « Qui va être notre méchant ? »

Le film aborde des thèmes familiaux assez forts. Etait-ce un fil rouge important ?

Steve : Ca a évolué à partir du premier film. Petit à petit, vous commencez à voir ce groupe d’individus bizarres qui s’associe et forme une famille, puis dans le deuxième film où Ellie et Manny sont proches, ça devient plus évident, il y a d’ailleurs un bébé dans le troisième film… Ce qui était important pour nous dans L'Âge de glace 4 : la dérive des continents c’était de comparer la cellule familiale à celle d’un autre groupe, comme un gang ou une bande de pirates.

Mike : C’était un gros challenge pour nous – pointer les différences entre les gens qui nous aiment et ceux qui ne nous aiment pas vraiment, qui ne pensent qu’à eux.

Steve : Les membres de notre famille prennent soin les uns des autres, se battent et se mettent en danger pour protéger les leurs.

Est-ce important d’avoir des noms connus au générique ?

Mike : Ca aide certainement au moment de la promotion du film, mais je dirai aussi que si quelqu’un est un acteur célèbre, ce n’est pas par magie ou sans raison. Ils apportent surtout tout leur talent au personnage.

Steve : Ce casting est un grand casting et la chose la plus importante que je perçois chez des acteurs de ce niveau-là c’est l’intelligence. Ils sont vraiment habiles dans leur manière d’aborder l’histoire, nous avons eu beaucoup de chance de pouvoir travailler avec des grands acteurs qui ont une connaissance aigue de la comédie.

Est-ce que J.Lo se déplace avec toute son équipe ?

Mike : Je dois dire que J.Lo a une personnalité hors du commun, mais Jennifer est très douce, très intelligente et a une rapide compréhension des enjeux. Pour la première session, elle est venue avec sa sœur et elles étaient très discrètes, elle a été très collaborative et énergique – elle a enlevé ses talons et s’est plongé dans le travail. C’était un vrai plaisir de collaborer avec elle. J’ai beaucoup de respect pour cette artiste.

Quelle est l’importance de la vérité historique par rapport au divertissement ?

Mike : Steve a inventé l’expression ‘divertissement correct’. Il faut que ça fasse vrai pour être vrai.

Steve : Je me trimballe avec ce petit bouquin que ma fille avait à l’école, qui est un manuel de science pour son examen de fin d’année, et il contient à peu près tout ce dont nous avions besoin pour le film – les strates contenues dans le noyau de la terre, les plaques, la formation des continents etc… Je pense que notre travail consiste à avoir une compréhension de la réalité. Le divertissement c’est plutôt quand Scrat tombe au centre de la terre, on voit que les strates sont correctes, mais s’il s’y trouvait vraiment, il rôtirait sur place.

A combien d’Âge de Glace pouvons-nous encore nous attendre ?

Mike : Nous pourrions raconter des millions d’histoire de L'Âge de glace 4 : la dérive des continents ?. Tant que celui qui écrit est fidèle aux personnages – parce que je pense que les personnages sont si bien conçus et ont des personnalités si distinctes que les possibilités sont illimitées.

Quel est votre personnage préféré dans L'Âge de glace ?

Steve : J’ai beaucoup aimé le processus d’élaboration du personnage du Captain Gutt sur ce film, du premier dessin – où on obtenait ce mix entre un pirate et un animal – aux animations qui travaillaient sur la dynamique des mouvements de l’animal en leur ajoutant les estocades d’un pirate. A un niveau technique, nous avons accompli énormément de choses avec ce personnage, il a une barbe qui bouge et qui flotte, ce fut un énorme bond en avant pour nous au niveau de l’animation de la fourrure. J’adore aussi ses horribles dents.

Mike : Nous voulions que sa bouche soit un cauchemar et c’est le cas. C’est un chouette personnage, mais je reste très attaché à Scrat. C’est un personnage entièrement basé sur l’action et le pantomime, une forme hybride quelque part située entre l’animation moderne et les Looney Tunes de Warner Bros.

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(14 Novembre 2012)