Une immédiate osmose
Une aventure qui débute il y a près de 10 ans,
Yves Fajnberg, alors photographe pour de grandes marques, s'évade en commençant l'écriture de ce premier long-métrage auquel il pense depuis longtemps, depuis probablement sa rencontre avec
Zinedine Soualem dans les rues du Festival d'Avignon .Il réalise, entre-temps, deux premiers courts-métrages,
Harakiri, et
L'Un Dans L'Autre, dont il reprend d'ailleurs plus ou moins la trame dans VIVE LAVIE, harmonieux mélange d'espoirs, d'émotions, d'angoisses, d'illusions, de souvenirs qui sommeillent en lui. Il se tourne alors vers Régine Konckier, qui est immédiatement séduite par le projet :
« J'ai été touchée par son style, par cette manière qu'il a de dire des choses graves en les traitant avec humour. Faire juste pleurer dans les chaumières c'est facile, aborder certains problèmes en faisant rire en même temps, c'est beaucoup plus délicat.J'ai produit beaucoup de comédies, je trouve qu'il n'y a rien de plus beau que de faire rire les gens et je crois qu'on ne peut vraiment le faire qu'en s'arrêtant sur des sujets d'une certaine gravité. C'est ce qui m'a intéressée, dès le début, dans ce récit. »
Elle se sent proche du regard qu'Yves pose sur certaines réalités :
« J'ai été sensible à cette mise en perspective du rapport qu'il est possible d'avoir avec l'argent, un rapport qui nous éloigne parfois considérablement de nous-même, de nos propres désirs, ce que j'ai souvent eu l'occasion d'observer. La réussite isole forcément, les gens changent de comportement, il y a ceux qui veulent en profiter et ceux qui n'osent pas, qui n'osent plus, car ils craignent justement que l'on puisse penser qu'ils vont chercher à en profiter. Il est alors très difficile d'établir de vraies relations, profondes, avec les autres.Puis, arrivé à un certain stade de sa vie, on finit par se poser des questions ; c'est ce qui se passe dans le film. Pour moi, la phrase clé du film, c'est quand il est chez le psy et qu'il se demande s'il peut encore changer. Nous sommes en général beaucoup trop gâtés. Colombe sait qu'elle peut mourir demain, elle se rend compte que la plus belle des choses c'est de vivre. Traverser une épreuve peut parfois nous aider ainsi à nous retrouver. C'est peut-être un cliché, mais c'est une réalité, nous prenons ainsi conscience de la véritable valeur des choses. Après nous oublions, trop vite, il est difficile en même temps de continuer en y pensant ».
Un long cheminement
« Drainé par une agréable entente, une conviction profonde en sa force, le projet prend forme, progressivement. Mais il ne suffit pas malheureusement aujourd'hui de croire en une histoire pour réussir à l'imposer. Il faut se battre, convaincre, ce qui demande du temps, beaucoup de temps et surtout proposer des noms, fiables, qui rassurent les distributeurs. Deux comédiens se sont déjà engagés depuis longtemps,
Zinedine Soualem, évidemment, concerné personnellement par cette aventure, qui la suit depuis le début, et
Alexandra Lamy, qui a littéralement flashé en lisant le scénario, qui n'a aucunement hésité, prête à se mettre en danger. Yves et Régine se tournent alors vers
Didier Bourdon, qui semble être l'acteur idéal pour endosser le rôle de Richard. Le rôle le touche tellement qu'il a besoin d'un temps de réflexion. Didier aussi a connu un énorme succès et malgré cela il est resté dans un questionnement très intéressant. Tout en ayant confiance dans sa vision des choses, du travail.Il se comporte comme s'il n'avait pas réussi, il doute, c'est quelqu'un de réellement anxieux, qui a gardé certaines valeurs, une vraie générosité, ce qui est peu fréquent dans ce métier ».
Ce sera l'engagement de
Didier Bourdon, qui permettra à Régine Konckier et
Yves Fajnberg de voir enfin leur rêve se concrétiser :
« Nous avons travaillé de nombreuses années sur ce projet, il a été difficile à mettre en place et ce qui a évidemment permis de le faire avancer, c'est l'arrivée de Didier, son implication. C'est très difficile aujourd'hui de monter des films. À partir du moment où Didier s'est investi, nous avons trouvé des financements assez rapidement. J'ai dû néanmoins prendre pas mal de risques».
Une collaboration enrichissante, chaleureuse
Conquis, motivé,
Didier Bourdon entre donc pleinement dans l'aventure, travaille main dans la main avec Yves et Régine, reprend avec eux certains points du scénario. Une rencontre, suffisamment simple, suffisamment rare, pour mériter d'être soulignée. C'est d'ailleurs une chaleureuse motivation, une sympathique gaieté qui caractérise l'ensemble de cette équipe qu'
Armelle Deutsch vient rejoindre avec entrain, ce qui rend cette aventure cinématographique des plus conviviales. Il y a un réel échange, une énergie positive qui étonne, touche une productrice habituée à des tournages souvent houleux, conflictuels. Au-delà des recherches de financements, elle ne quitte plus le plateau, suit pas à pas la construction de ce film pour lequel elle s'est démenée, y participe et le comportement, le professionnalisme et la générosité de son réalisateur, qui met pourtant en place son premier long-métrage, lui prouve qu'elle ne s'est pas trompée, qu'elle a eu raison de lui faire confiance :
« Ce n'est pas la première fois que je prends en charge le premier film d'un cinéaste et je sais que je prends toujours un très gros risque. Et bien, honnêtement, je n'ai jamais eu un tournage aussi plaisant que celui-là. Il a été porté par un vrai travail d'équipe. Yves savait exactement ce qu'il voulait et il a su, en même temps, profiter des expériences de ceux qui l'entouraient. Il sait écouter, ce qui est pour moi l'une des plus grandes qualités d'un cinéaste. Il a l'art des relations humaines, il sait obtenir ce qu'il désire sans être autoritaire, en ayant une vraie tendresse pour les autres. Il n'est jamais méprisant, ce qui est fondamental et motive ceux qui le suivent. Nous avons beaucoup travaillé, ensemble, toujours dans la bonne humeur. Il n'y a eu aucun problème d'ego, ce qui mine souvent ce type d'aventures ».
De cette épanouissante et lumineuse collaboration, il reste donc aujourd'hui une trace, un film dont le tournage, à l'image de ce qu'il raconte, de ce qu'il s'en dégage, a rendu heureux toute une équipe, ce qui finalement est peut-être le plus important :
« Si tous les films pouvaient se passer de la même façon, ce serait merveilleux.C'est une aventure qui a beaucoup compté pour moi et je remercie vraiment tous ceux qui nous ont faits confiance. Je pense que nous avons réussi à tenir nos engagements, que le film est même, finalement, mieux que ce qu'il en ressortait en lisant le scénario, grâce à des comédiens qui ont réussi à admirablement incarner chaque personnage ».