Paris, l’Élysée... Mai 1968. Le président de la République, Charles de Gaulle, déjà une légende dans l’histoire de la France, mais réélu de justesse en 1965, doit faire face aux “événements“, comme on les appelle. Étudiants rebelles dressés sur les barricades de Paris, mais aussi séisme dans la société française contre ses valeurs moralistes, ses valeurs culturelles, ses valeurs tout
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court. Cette onde de choc fait vibrer toute la France, y compris le majestueux palais de l’Élysée et son occupant. Car la chienlit résiste, et ni la politique de la fermeté prônée par de Gaulle, ni celle de la détente jouée par le Premier ministre Georges Pompidou ne donnent de résultats : le désordre étudiant persiste, et, incroyable, s’étend maintenant au monde ouvrier ; en quelques jours, la France entière est plongée dans le marasme et la paralysie. Le fantasme de la révolution tant vénérée par les manifestants étudiants commence à gagner le gouvernement ; c’est une pure fiction, car dans la rue ils ont 15 ou 16 ans et veulent surtout ruer dans les brancards. Il n’y a pas d’appareil politique capable de reprendre en main cette énergie brute... Mais messieurs les ministres sont persuadés que le spectre bolchevique plane bel et bien sur la France... Les ministres, mais aussi, bien plus grave, Charles de Gaulle. En 1968, il n’est plus l’homme de Juin 1940. Il a 77 ans. Il sait que sa majorité présidentielle à l’Assemblée est fragile... Entre la France et lui, le malentendu s’est installé. Qu’à cela ne tienne. Ce n’est pas la France qui ne veut plus de lui. C’est lui qui n’en veut plus. De Gaulle s’en va. Il fait ses valises et part, destination inconnue. Pendant quelques heures, il n’y a plus d’État. Au gouvernement, c’est la catastrophe... Pas pour tout le monde. Certains, dans l’entourage du Premier ministre, comptent bien sauter sur l’occasion pour se débarrasser du “vieux“, comme ils l’appellent. Pompidou, jusqu’au bout, sera loyal. Mais le Général, pour la première fois, vient de lui infliger une humiliation en partant sans rien lui dire. Un rival est né le 29 mai 1968, plus seulement un héritier... De Gaulle était à Baden-Baden, auprès du commandant des forces françaises en Allemagne, Massu. Mais ça, en France, personne ne le sait. Tactique, stratégie, peur d’un assaut sur l’Élysée... La “fuite à Baden“ reste l’une des énigmes de l’histoire gaulliste. Elle aura permis à un vieil homme de reprendre la main sur le cours des événements, de sortir, disons-le, avec panache. Un an plus tard, en effet, de Gaulle est désavoué lors d’un référendum. Il démissionne avant la fin de son mandat...
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