La Violence selon Cronenberg : Retour sur la présentation d'History Of Violence à Cannes

La Violence selon Cronenberg...
Quatre ans après avoir présenté SPIDER, le cinéaste Canadien David Cronenberg revenait en compétition à Cannes en mai dernier avec un thriller violent qui suscita d'emblé la controverse chez les journalistes comme chez les festivaliers. Une histoire de violence donc, mais aussi de sexe, de mafia, de meurtres, de vengeance, de double personnalité… Cronenberg dénonce intelligemment tout un pan de la société américaine, ce fameux «American way of life », et à travers lui la violence. Une violence américaine, comme il l'explique lui-même lors de la conférence de presse :
« Il s'agit en effet ici d'une violence américaine. Dès le début du film, nous avons une histoire typiquement américaine, dans une ville spécifique du centre des Etats-Unis. C'est un film très américain sur le ton, mais pour être universel, il faut savoir être particulier. »
« Certes, la violence est présente, mais lorsqu'il s'agit d'un art, c'est différent. Il faut toujours savoir rester fidèle à son film, et ne pas se poser constamment des questions à savoir s'il va être trop violent, ou pas assez. Si vous êtes convaincu du potentiel de votre script, une fois lancé, il ne faut plus réfléchir, et faire son film comme on le ressent.
Et entre nous, est-ce que tous les gens qui voient des meurtres au cinéma en commettent un en sortant de la salle ? Si oui, on aurait un vrai problème car il n'y aurait plus grand monde sur Terre ! »
(rires)

En dénonçant la violence quotidienne, Cronenberg joue aussi beaucoup sur le mythe de la violence dans les films américains, notamment dans la représentation des mafias. Souhaitant donner le plus de réalisme possible à ses personnages de mafiosos comme Carl Fogarty ou Richie Cusack, Cronenberg fini par amuser ses spectateurs qui se prennent plus à rire qu'a trembler lors de certaines scènes violentes… Ce qui ne semble d'ailleurs pas lui poser de problème particulier, bien qu'il n'ait visiblement pas spécialement souhaiter faire rire au départ :
« Il y a eu très peu de projections publiques pour l'instant, mais si les spectateurs rient à certaines séquences, c'est super car je voulais qu'ils soient impliqués dans les scènes de violence… Et s'ils y réagissent, de quelque manière que ce soit, c'est parfait. »
Qu'il fasse rire ou sursauter ses spectateurs, A HISTORY OF VIOLENCE apparaît comme un bon film, mais comme un petit Cronenberg, qui aurait sûrement pu - et du - nous offrir encore mieux.

A HISTORY OF VIOLENCE - Sortie en salles le 2 novembre 2005 - Un film de David Cronenberg avec Viggo Mortensen, Ed Harris et William Hurt.

Amélie Chauvet (Cannes, mai 2005)