Mercredi 18 mai : Calme et volupté avec PEINDRE & Ultra violence avec SIN CITY…

Calme et volupté…

Alors que le couple est très présent dans cette 58ème Sélection Officielle du festival de Cannes (LEMMING, MATCH POINT, A HISTORY OF VIOLENCE, etc.), le troisième et dernier film français concourant pour la Palme d'or, PEINDRE OU FAIRE L'AMOUR des frères Larrieu nous parle non pas d'un couple mais de plusieurs couples…

William et Madeleine habitent en ville au pied des montagnes. Mariés depuis longtemps, fidèles et amoureux, ils ont une vie citadine rangée. Suite à une rencontre avec Adam, un aveugle Maire d'une petite commune du Vercors, le couple achète une maison isolée, dans laquelle il va vivre une période de grand bonheur. Leur nouvelle vie s'organise dans la proximité d'Adam et de sa jeune compagne Eva qui habitent à quelques centaines de mètres. Le jour où la maison de leurs nouveaux amis brûle, William et Madeleine n'ont plus d'autre désir que de les héberger… Les deux couples se rapprochent tant qu'ils finissent par faire l'amour, faisant ainsi "accéder leurs désirs à la lumière", comme l'a expliqué Arnaud Larrieu lors de la conférence de presse cannoise. "Cette rupture avec leur vie sociale précédente leur procure une disponibilité adolescente de vivre les choses comme elles viennent" a-t-'il ajouté.
"Notre film démarre sur la douceur. Ce qui est provocant, c'est qu'on a pris la pente naturelle des choses. La question se pose alors de savoir jusqu'où peut aller une rencontre entre amis." explique Jean-Marie Larrieu. "Il y a une douceur transgressive, mais ce n'est pas un film malin. Dans la réalité, il suffit juste de pousser un peu les choses pour qu'elles deviennent extraordinaires".

Abordant donc un thème plutôt délicat, ce long-métrage des réalisateurs d'UN HOMME UN VRAI est loin de faire l'unanimité des festivaliers. Il s'agit pourtant d'un film poétique très fort, dirigé de manière originale et soignée par deux hommes talentueux. Pour preuve le casting : Daniel Auteuil et Sabine Azéma dans les rôles principaux, aux côtés de Sergi Lopez et Amira Casar.

Le Vercors en décor… `
Arnaud Larrieu : "Au départ, nous souhaitions tourner dans les Pyrénées, mais pour des raisons de production, nous avons du aller en Rhône-Alpes. Là, nous avons chercher des lieux, avant de trouver cette maison qui nous a beaucoup plu, notamment son séchoir à noix, particulièrement intéressant. »
Jean-Marie Larrieu : « Nous avons alors pu jouer beaucoup sur les notions d'intérieur/extérieur, de dedans et de dehors, du couple qui reçoit chez soit, etc. (…) Nous voulions qu'une histoire sexuellement exceptionnelle, hors du commun, arrive à des personnages finalement ordinaires. Des bourgeois de province tout ce qu'il y a de plus classique qui deviennent des héros traversant des choses grandes et puissantes. »

Avec des musiques de Brel ou de Feret, ce film remarquable bien que déjà sujet à controverse marque une pause des plus agréables dans la folie cannoise… Une heure trente de douceur, de volupté et de calme… Que demander de plus ?

Violence et Brouhaha…

Basé sur une bande dessinée de Franck Miller, SIN CITY était l'un des films les plus attendu du festival de Cannes 2005 pour son impressionnant casting (Bruce Willis, Mickey Rourke, Jessica Alba, Brittany Murphy, Clive Owen, Michael Madsen, Elijah Wood, Rosario Dawson, Benicio Del Toro…etc.) mais aussi et surtout à cause de ses fameux effets spéciaux qui s'annonçaient totalement expérimentaux et novateurs.
Et c'est vrai qu'à la vision du film, le spectateur est scotché par ce splendide noir et blanc extrêmement contrasté d'où émanent par moments des couleurs de robes, de draps en satin, de lèvres rouges, d'yeux verts ou de monstre jaune. De ce point de vue, Roberto Rodriguez réalise un sans faute. En effet, rarement un film n'avait aussi bien pu retranscrire sur un écran de cinéma toutes les audaces visuelles offertes par la bande dessinée. La scène où le personnage de Mickey Rourke saute en l'air et « défonce » littéralement des voitures en pleine vitesse, ou celle où Bruce Willis secoure une jeune fille aux prises d'un homme dangereux.

Cependant, en mettant l'accent sur le côté artistique du film, Rodriguez nous rappelle que contrairement à d'autres véritables créateurs d'univers, il n'est pas un esthète. Il est avant tout un cinéaste bricoleur et efficace, capable de faire des merveilles avec un budget dérisoire. Mais on cherche en vain à capter la poésie du film. Même si Rodriguez a bénéficié d'un gros budget, il semble vouloir continuer à mettre en avant son côté « Mac Gyver » du septième art dont les ficelles ne sont pas pardonnables dans un film de cette envergure.
De plus, Rodriguez, qui n'a jamais vraiment misé sur la subtilité, nous donne une vision assez misogyne (à la limite du mauvais goût) d'une ville corrompue par le vice : toutes les femmes sont des prostituées qui se font frapper ou violer par les méchants.

Quant au scénario, là où l'on était en droit de s'attendre à des rebondissements et des croisements de personnages (puisque le film est construit en plusieurs histoires), Rodriguez et Miller (malgré tout le bien que l'on peut penser d'eux) n'utilisent à aucun moment les possibilités narratives du cinéma. Assez décevant pour un film présenté en Compétition Officielle au festival de Cannes et qui s'annonçait comme étant le Pulp Fiction de la sf.

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Amélie Chauvet & Matthieu Perrin (Cannes, Le 18 mai 2005)