500 jours, ensemble... c'est tout (test DVD)

500 jours, ensemble... c'est tout (test DVD)

Petit film indépendant pour grande découverte 2009, 500 jours ensemble est une petite merveille d’humour, un bijou de réalisation et de mise en scène... Aujourd'hui, le premier film du réalisateur du futur Spider-Man 4 reboot sort en DVD. L'occasion de revenir, ensemble sur le merveilleux rayon de soleil de l'année dernière.

Le résumé en deux mots : Tom est un romantique. Quand il croise le chemin de Summer, il pense avoir trouvé la femme de sa vie. Mais celle-ci ne croit pas à l'amour et ne veut pas de relation sérieuse... Dès le départ, le ton est donné avec une adresse au spectateur et à la protagoniste en particulier qui a de quoi surprendre ! Ce ne sera pas une énième comédie sentimentale, bien au contraire, Marc Webb joue avec les codes du genre pour mieux les dépasser.

Avec une histoire simple : une relation amoureuse, on peut toujours avoir des idées et innover dans le traitement scénaristique. L’idée-force du film, c’est de reprendre à rebours une rencontre, ses moments-clés, et de les passer au shaker temporel. Ici, ce que l’on pourrait qualifier de ‘gimmick’ vient du fait que le réalisateur joue des stéréotypes en inversant les rôles. Ainsi, Summer, la jeune femme, s’apparente davantage à un garçon qui ne voudrait pas s’impliquer dans une relation amoureuse, tandis que Tom, lui, a tout d’une ‘fleur bleue’ avec son romantisme exacerbé. Point de clichés ici, mais plutôt une anti-comédie romantique ou mieux encore, une vrai-fausse comédie romantique. Dans des espaces familiers (un magasin Ikea, un bar) et des situations communes, le réalisateur a su tirer une grande originalité.

500 jours ensemble aurait aussi bien pu s’appeler ‘500 jours d’été’ comme le connote le titre américain, puisque ‘Summer’ le prénom de la demoiselle signifie ‘été’. Comme neige au soleil, on fond devant le charisme solaire de l’actrice Zooey Deschanel, aussi adorable que cruelle. Sous des aspects romantiques (habillement, goûts, physique) cette jeune fille n’est en réalité pas du tout celle que l’on croît. La véritable révélation de 500 jours ensemble vient donc de Zooey Deschanel, en fille compliquée. Ses yeux bleus irradient l’écran et son caractère duel est parfaitement bien cerné.

Fourmillant d’idées, les scènes s’enchaînent avec plus ou moins de brio dans ce patchwork soigné. On retiendra en particulier un pastiche des films (très drôle) de la Nouvelle Vague ou encore de Bergman avec Persona lorsque Tom, assis au cinéma, se projette par la pensée dans un film Vintage. Autre référence cinéphile, un extrait du film Le Lauréat de Mike Nichols achève l’accumulation de citations qui foisonnent pendant 1h30.

Ainsi, on pourrait presque parler d’un film expérimental, tant ce long-métrage adopte des allures arty. Avec délectation, la principale surprise vient des ‘trouvailles’ et autres petites touches du montage comme l’utilisation du split-screen pour dissocier les attentes du personnage de la réalité, toujours plus décevante évidemment… Autre moment marquant, le bref passage à la comédie musicale délibérément outrée est une bouffée d’air frais dans un cinéma indépendant qui ose le kitsch. En revanche, ces effets de styles peuvent aussi agacer par leur côté redondants (voix-off, sauts temporels incohérents). Les atouts de ce film en sont aussi les pires défauts. Heureusement, les personnages secondaires ne sont pas en retrait. Travaillant dans une entreprise de cartes de vœux, un jour, Tom se lâche pour exposer ses quatre vérités à ses collègues, scène extrêmement jouissive. Joseph Gordon Levitt, que l’on pu voir dans Mysterious Skin tire globalement son épingle du jeu. Musicalement, 500 jours ensemble excelle par ses compositions : Regina Spektor, The Smiths, Feist, Simon And Garfunkel et même Carla Bruni !

Quant au DVD, la qualité de l’image est plutôt décevante, pas toujours très nette. Le blu-ray fait bien mieux. Côté bonus, seul un petit quart d’heures de scènes coupées semble combler le vide, hormis deux ou trois séquences qui auraient pu figurer au montage dont une démultiplication de ‘Summer’ dans tous les coins de rues ou encore la version longue du pastiche des films de la ‘Nouvelle Vague’. En définitive, on aurait aimé avoir des commentaires audio et un making-of, étrangement absents.

Néanmoins, 500 jours ensemble reste un film décalé à apprécier principalement pour le ton à la fois drôle et amer et pour ses deux acteurs bien mal assortis.

500 jours ensemble de Marc Webb, DVD et Blu-Ray disponible le 17 mars 2010. Test de l'édition DVD.

Charles Bouchet (16 mars 2010)