A Better Life : La face sombre du rêve américain (Test DVD)

Carlos Galindo (Demian Bichir), ouvrier mexicain et immigré clandestin vit à Los Angeles, seul avec son fils (Jose Julian). Prêt à tout pour offrir à Luis un avenir plus heureux et l’éloigner des gangs qui lui tournent autour, il se résout à emprunter de l’argent pour monter une entreprise de jardinage. Mais tout espoir de vie meilleure est perdu lorsqu’on lui vole sa camionnette sous ses yeux…

Souvenez-vous : c'était il y a presque un an, le 25 janvier 2012. Le monde du Septième Art a les yeux braqués sur Hollywood, suspendu aux nominations des Oscars. Puis, c'est l'instant T et toute la France chavire en découvrant Jean Dujardin nommé dans la catégorie Meilleur Acteur aux côtés de pointures comme Brad pitt, George Clooney ou Gary Oldman. Le cinquième comédien cité, lui, laisse perplexes les observateurs hexagonaux. Demian Bichir ? Mais qui est-ce ? Tout juste l'avait-on croisé dans la série Weeds ou vaguement aperçu dans la peau de Fidel Castro dans le diptyque Che de Steven Soderbergh. Et ce film, A Better Life, de quoi ça parle ? D'un clandestin mexicain… hum ça sent le film indépendant US…
À bien y réfléchir, on n'est pas vraiment surpris : Hollywood aime régulièrement tendre la main à quelques outsiders comme, récemment, des acteurs - pourtant énormes - tel que John Hawkes (pour Winter's Bone en 2011) ou Jacki Weaver (pour Animal Kingdom en 2011 ou Happiness Therapy cette année).

Las, nous n'aurons pas l'occasion de découvrir A Better life dans les salles françaises, le film de Chris Weitz (certes réalisateur du piètre Twilight - Chapitre 2 : tentation, mais également producteur courageux d'Une nuit à New York ou A single Man) n'ayant pas bénéficié d'une distribution cinéma. Loués soient alors le service de VOD (il y a quelque mois) et aujourd'hui le circuit DVD qui nous permettent - enfin - de nous plonger dans cette touchante chronique familiale. Peignant avec pudeur et efficacité les dessous d'un système socioéconomique parallèle solidement établi, A better life colle aux basques élimées du courageux Carlos - un père digne et discret qui, comme tant d'immigrés (clandestins ou pas) se bat autant qu'il aimerait disparaître des radars administratifs - et nous entraîne à l'ombre des palmiers, bien à l'abri, hélas, du rêve américain. Autopsiant la fracture sociale et familiale touchant Carlos et son fils, le film de Weitz pose un regard humaniste et nécessaire sur ceux qu'on oublie trop souvent… des deux côtés de l'Atlantique.

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Eléonore Guerra (17 Janvier 2013)