Librement inspiré du drame qu'a vécu Natascha Kampusch - cette jeune allemande enlevée à l'âge de dix ans et qui a réussi a s'échapper après huit ans de séquestration - A moi seule, sorti dans les bacs le 2 janvier dernier, est le récit étrange d'une histoire similaire, avec dans le rôle de la victime Agathe Bonitzer et dans celui du bourreau Reda Kateb.
Le réalisateur Frédéric Videau choisit ainsi le thème déjà usité du kidnapping mais le traite sous un angle beaucoup plus personnel en lançant un regard bien plus neutre et froid qu'on aurait pu l'imaginer et ne se repose ainsi jamais sur le pathos qu'aurait pu susciter un tel drame humain.
En résulte une oeuvre plutôt intéressante mais un récit dont on est constamment extérieur. On devient spectateur passif de la relation très ambiguë de Gaëlle et Vincent, son ravisseur, dont les sentiments très contradictoires de haine et d'amitié, voire d'amour, sont filmés avec un tel détachement qu'il en devient gênant de les regarder.
Le va et vient entre les scènes du passé (l'enlèvement de Gaëlle et son quotidien avec Vincent) et le présent (elle s'est échappée et tente de se reconstruire et Vincent s'est suicidé) ne relève malheureusement pas le rythme pesant du film, que la délicate musique composée par Florent Marchet vient cependant animer et qui apporte un certain souffle au récit.
Enfin, si l'on aime le jeu de Reda Kateb, troublant, Agathe Bonitzer offre quant à elle une interprétation, quoique touchante, plutôt inégale et parfois agaçante.
Appréciation en demi-teinte donc, d'un film étrange et qui reste dérangeant, évidemment par son sujet, mais aussi par son traitement détaché.
Le DVD
Le bonus proposé est un documentaire de 26 minutes réalisé par Julie Bonan, qui suit la mise en composition de la musique par Florent Marchet. Très intéressant.
=> Toutes les infos sur A moi seule
Marie Devier (9 Janvier 2013)