Animal Kingdom : un premier coup... de maître (test Blu-Ray)

Lorsque la mère de Josh (James Frecheville, une découverte) décède d'une énième overdose, celui-ci, désemparé reprend contact avec sa grand-mère, la très démonstrative Smurf (Jacki Weaver). Il n'est plus seul à présent. Entouré de la matriarche et de ses oncles Baz (Joel Edgerton), Darren (Luke Ford), Craig (Sullivan Stapleton) et Pope (Ben Mendelsohn), J a trouvé une famille.
Bienvenue chez les Cody. Les Cody ? Oh juste une petite famille discrète de Melbourne, soudée... et mortellement dangereuse.

 

Welcome to the Jungle

Difficile d'imaginer que cet ahurissant Animal Kingdom est un premier film. Et pourtant, David Michôd nous livre ici un coup d'essai aux furieuses allures de coup de maître. Drame social construit comme une implacable tragédie antique, aussi cruelle qu'irrépressible, ce polar bien senti aligne les audaces tout autant que les prouesses plastiques, dépoussiérant et magnifiant ainsi un genre pourtant ultra-codifié.

Rigoureux, Michôd déroule sa sombre intrigue, les pieds dans le caniveau de la morale, sans jamais, cependant, sacrifier ses personnages (incroyable galeries de freaks, la glaçante Jacki Weaver en tête), ou sa splendide photo (ah les inimitables couleurs de l'hémisphère sud...). L'ambiance est lourde, magnétique même, car dès les premières minutes d'Animal Kingdom (la scène d'ouverture, hallucinante et hallucinée, donne le ton), il est impossible de détourner les yeux d'un royaume qu'on devrait pourtant fuir à tout prix.

Après cela, on ne pourra - ni ne voudra - échapper à cette séduisante descente aux enfers. Pris dans la toile d'une oeuvre ficelée comme un cadavre prêt à être bazardé au fond du fleuve, on se laisse terrasser, hypnotisés, par cet enchaînement de séquences puissamment indélébiles.

Naïfs, on s'est laissés piéger par ce "petit film" australien. On n'est pas les seuls d'ailleurs (Animal Kingdom a notamment reçu le Grand Prix du Jury (fiction) au Festival de Sundance 2010 et le Prix de la Critique au 3ème Festival international du film policier de Beaune 2011). Tant pis pour nous, on en redemande.

 

Le Blu-Ray

Bénie soit la technologie, le Blu-Ray offrant au film de David Michôd une splendide vitrine (bon sang que la mise en lumière en belle !) qui justifierait à elle-seule la préférence pour le support HD. Côté Bonus, on prolongera - avec délectation - notre mortelle balade en plongeant au coeur d'un making-of de plus d'une heure (de la genèse du film à sa présentation lors du Festival de Sundance 2010), puis en découvrant le court-métrage Crossbow (déjà avec Joel Edgerton, et déjà bluffant) à l'origine d'Animal Kingdom. Simple, mais efficace.

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Eléonore Guerra (3 Janvier 2012)