Anonymous : To be Shakespeare or not to be ? (Test DVD)

Anonymous : To be Shakespeare or not to be ? (Test DVD)

Quoi ? L’auteur le plus célèbre, le plus adapté, le plus traduit, le plus cité, le plus admiré, ne serait… qu’un vulgaire imposteur ?

C’est en tout cas ce que pense Roland Emmerich, et c’est sur cette polémique qu’il a fondé son dernier film, Anonymous, sorti dans les bacs cette semaine. Le réalisateur suit ainsi l’avis de Mark Twain, Henry James ou encore Sigmund Freud : selon eux, l’illustre William Shakespeare ne pouvait pas être l’auteur des légendaires Hamlet, Roméo et Juliette ou MacBeth.
Non, l’artiste, ce serait Edward de Vere, comte d’Oxford. Cependant, pour protéger son statut de grand seigneur (enfin surtout parce qu’on l’y a obligé), ce féru de littérature serait resté anonyme et aurait demandé à l’auteur Ben Jonson de diffuser ses pièces. Devant le succès de la première au théâtre, et le public réclamant l’auteur, l’acteur William « Shakespere » aurait sauté sur l’occasion de se faire passer pour le dramaturge prodige et d’en récolter la gloire.

Cette thèse posée, le personnage de William Shakespeare est donc relégué à celui de vulgaire bouffon charlatan corrompu, illettré et avide de succès. Comment démystifier une légende : ça, c’est fait. Car on peut d'emblée reconnaître à Emmerich et son scénariste John Orloff le mérite de soutenir leur théorie – certes un peu hasardeuse - avec ferveur et audace.
Le problème, c’est qu’à cette thèse supposée, et donc imaginée, se mêlent des faits historiques et, l’Histoire des Tudors étant déjà assez complexe - entre coucheries douteuses, trahisons et secrets - on est un peu perdus entre les mises en abyme du théâtre dans le théâtre dans le film, les allers et retours temporels, et les différentes trames narratives mises en scène.

Heureusement, grâce à un jeu d’acteurs irréprochable (les géniaux Rhys Ifans/Edward de Vere et Vanessa Redgrave/Elizabeth Ier en tête), des costumes et une esthétique très soignés, et des effets visuels plutôt impressionnants (difficile de voir que la plupart des scènes extérieures ont été tournées sur fond vert ! Et oui, c’est Roland Emmerich quand même), le film gagne en profondeur et l’on est facilement plongé dans l’ambiance élisabéthaine.

Bref, en jouant à « et si » avec les moyens et l’envie, Emmerich parvient à nous mener en bateau jusqu’au bout, même si parfois ça tangue, parfois on somnole. Et au final, après les bourrins Le jour d'après et 2012, c’est plutôt pas mal.

Le DVD

Côté bonus, ce n’est pas mal non plus. Après le visionnage de quelques scènes supplémentaires plutôt inutiles, vous pourrez cependant en savoir plus sur la polémique Shakespeare avec un petit documentaire qui interroge la réelle identité du dramaturge ; mais surtout, si vous en avez l’envie (et le temps), vous pouvez revoir le film avec les commentaires audio de Roland Emmerich et du scénariste John Orloff. Il est toujours intéressant d’avoir leurs points de vue et différentes anecdotes ou informations sur le tournage du film.

=> Toutes les infos sur Anonymous

Marie Devier (10 Mai 2012)