Belleville Tokyo : Tu m'aimes ? Pas trop, non... (test DVD)

Belleville Tokyo : Tu m'aimes ? Pas trop, non... (test DVD)

Un couple de bobos cinéphiles se dirige vers un train en partance pour Venise. Sur le quai, Julien (Jérémie Elkaïm) annonce à Marie (Valérie Donzelli), sa femme enceinte, qu'il la plaque pour une autre. Bouleversée, Marie entame alors une longue - et bizarrement drôle - traversée du désert.

Ne vous fiez pas à l'affiche mettant en scène le couple en or Donzelli/Elkaïm de l'imparable comédie dramatique La Guerre est déclarée, car si ces deux-là semblent inséparables (amis, parents, ex-compagnons à la ville et partenaires d'écriture et d'écran), ils ne sont cette fois pas à l'origine de cette nouvelle confrontation.
La responsable ici est Elise Girard, une réalisatrice novice plus connue dans le petit monde du Septième Art pour son travail d'attachée de presse, jeune femme diablement préoccupée (comme elle nous l’explique posément dans un entretien bonus) par un drame ordinaire somme toute assez peu traité à l'écran : que devient-on lorsque, enceinte, on se fait lourder par son égocentrique de mec (époux, compagnon, fiancé, ...) ?

Alors, oui, c'est sûr, dit comme ça, ça sent le mélodrame à plein nez. Pire, le film est sérieusement ancré à Paris, dans un microcosme culturel bourgeois-bohème en diable et s'articule autour de tirades précieuses et d'appartements au parquet qui grince.
Sur le papier, c'est certain, Belleville Tokyo a tout pour hérisser le poil. Pourquoi, alors, ne prend-t-on pas ses jambes à son cou passées les premières images ?

Tout simplement parce qu'il faut reconnaître à la réalisatrice un certain don pour la distanciation qui offre au film une lecture presque légère du drame que représente la (violente) rupture de ce cruel duo, muant ainsi paradoxalement une intrigue anecdotique en fine analyse des relations humaines et/ou amoureuses. Du couple que l’on forme à celui que l’on rêverait d’être, il y a parfois un gouffre infranchissable. Malgré l’amour, les habitudes et les engagements.
Souvent juste, parfois drôle, légèrement agaçant… Belleville Tokyo demeure sacrément efficace.

=> Toutes les infos sur Belleville Tokyo

Eléonore Guerra (8 Février 2012)