Cannes 2014 : nos avis sur les films présentés sur la Croisette

Cannes 2014 : nos avis sur les films présentés sur la Croisette

Les films présentés au 67ème festival international du film de cannes 2014 ne manquent pas de faire réagir la presse, petit tour d'horizon de ce que nous en pensons :

Saint Laurent de Bertrand Bonello (en compétition) :

Que de talents réunis dans un même film! C’est d’abord la découverte au cinéma d’Aymeline Valade, capable de donner des frissons par sa simple présence et qui danse comme une déesse sur les musiques de Bonello! C’est ensuite Gaspar Ulliel et Louis Garrel, de la sensualité, de la précision et de la beauté. Mais c’est aussi tous les rôles féminins, de Lea Seydoux aux plus petites figurantes, toutes sont éclatantes.
Le film en lui même est captivant, il nous plonge dans la débauche, la créativité et la folie des années 60-70. On en ressort sous le choc.

Timbuktu d'Abderrahmane Sissako (Compétition Officielle) :

La montée de l’Islam au Mali, la violence inhumaine du djihad, on s’attendait à un film insoutenable d’horreur, une véritable torture. C’est donc surpris qu’on découvre un hymne à la poésie, une fable sur l’injustice certes, mais d’une douceur incroyable. La caméra d’Abderrahmane Sissako film ces déserts et ces personnages, avec les yeux d’un amoureux de la vie. Comment parler d’une telle horreur? Comment présenter des gens capables d’interdire à une population la musique? Et surtout le danger qu’ils représentent par leur force armée. Dénoncer par le langage, par l’image, par la musique. La musique d'Amine Bouhafa est de l’ordre du sublime. C’est un véritable choc de cinéma.

La Chambre Bleue de Mathieu Amalric (Un Certain Regard) :

C’est avant tout le montage, dirigé par François Gédigier (Dancer in the Dark ou encore Passion), qui sauve ce film. C’est lui qui crée les ambiguïtés, le suspens, qui joue avec maîtrise à alterner souvenir, et récit de souvenirs. «La vie est différente quand on la vit, et quand on l’épluche après coup». C’est une belle série B, un bon petit thriller passionnel, un film joueur, qui remplit avec pas mal de talent, il faut le dire, son défi de capter le spectateur du début à la fin.
Sans oublier l’incarnation exceptionnelle des acteurs, des corps sublimés. Stéphanie Cleau y est magnifique en femme passionnée. Si Mathieu Amalric a bien un talent, au delà de la mise en scène, c’est de comprendre avec génie, son métier originel d’acteur!

Bande de filles de Céline Sciamma (Quinzaine des Réalisateurs) :

Tomboy était un film solaire, léger et enfantin. C’était un petit film sans prétention qui confirmait le génie de sa réalisatrice Céline Sciamma. Aujourd’hui, nous découvrons avec Bande de filles, un film beaucoup plus noir mais aussi beaucoup moins ambigu, bien plus dur et assumé. Dans Tomboy, la recherche de virilité était ludique, le simple saisi hasardeux d’une opportunité. Ici, elle est une réaction animale, une nécessité protectrice contre un monde violent dominé par la puissance des hommes. C’est toujours un cinéma de la justice, qui donne sa place aux femmes, et ici aux minorités, avec un geste politique fort, de faire un casting 100% noir.

Il y a de très belles choses dans Bande de filles. Des actrices resplendissantes d’énergie, qui bien qu’amateurs nous touchent de leur force de vie. La beauté de ce film, c’est aussi les espaces, les flottements, pour des moments comiques, légers du quotidien.
Bande de filles est un film aux nombreuses qualités, mais, qui à notre grande déception, ne nous touche pas autant que les films précédents. C’est un film qui prend des risques, mais qui s’avère au final assez classique, et peu sensationnel.

(19 mai 2014)

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