Cannibal Holocaust : du gore, encore ! (test DVD)

Cannibal Holocaust : du gore, encore ! (test DVD)

Lapidations, viols, éviscérations, cannibalisme (bien sur !), émasculation, etc... tel est le programme choc de Cannibal Holocaust, 90 minutes n'ont certainement jamais été aussi insoutenables. Mais...

Quatre reporters partent dans la jungle amazonienne en quête de matière pour un documentaire inédit. Portés disparus dans « l'enfer vert », le Dr. Monroe, ethnologue, part à leur recherche aidé par un guide. A peine arrivé, il découvre avec horreur - tout comme le spectateur - les coutumes particulières des primitifs locaux : en guise de punition pour son adultère une femme est trainée dans la boue, violée à l'aide d'une pierre puis lapidée. Très vite, il comprend qu'il ne retrouvera pas les journalistes, du moins pas vivants. Néanmoins il réussit, après s'être plié à leurs rites cannibales, à intégrer la tribu et à récupérer les bobines des reporters gardées en trophée par les indigènes. De retour aux Etats Unis, Monroe visionne les bouts de film sauvés et s'aperçoit que la barrière entre la civilisation et le primitivisme est finalement bien mince.

Sulfureux et dégoutant de réalité, trente ans après sa sortie le film de Ruggero Deodato est encore bien ancré dans les esprits de chacun. Cannibal Holocaust se découpe en deux parties bien distinctes. En premier lieu on suit Monroe en quête des quatre journalistes, le film se met alors tout doucement en place même si le ton est rapidement donné avec la scène pré-citée. Mais c'est assurément dans la deuxième partie du film que le récit implose et offre ce spectacle nauséeux. En caméra subjective, on découvre en même temps que Monroe les rushes de ces aventuriers ambitieux et avides prêts à tout pour du « sensationnel ». Confrontés à la vie sauvage, leur instinct prend vite le dessus et ils mettent alors en scène eux même des actes de barbarie allant jusqu'au viol collectif d'une indigène et au massacre d'animaux. Un faux snuff-movie dans le film en lui-même tellement crédible qu'il vaudra de nombreuses poursuites en justice et autres controverses au réalisateur. Et c'est pourtant dans cet aspect si réel qu'est l'intelligence du film. Brillamment mise en scène, la subjectivité de Cannibal Holocaust contraint le spectateur à devenir protagoniste et à prendre part à ces actes atroces et c'est à ce voyeurisme forcé que l'on doit l'impact colossal du film dans la conscience collective.

Aux confins de l'horreur et du néo-réalisme (propre à l'Italie), qu'on ne s'y trompe pas : Cannibal Holocaust ne se lève pas contre le primitivisme, loin de là. Il dresse crûment (et cruellement) un véritable réquisitoire contre le journalisme putassier qui depuis les années 80 ne semble pas s'être amélioré, en attestent l'impact et l'importance parfois effrayamment viscérale des médias à l'ère d'aujourd'hui. Si les films d'horreur actuels sont si faiblards c'est qu'ils manquent férocement de subjectivité aussi bien maîtrisée qu'ici.

Le DVD - Une version collector, vraiment collector !

Véritables leçons de cinéma, on se délecte de la conférence de presse donné en 2003 par Ruggero Deodato et des soixante minutes de making of où les anecdotes sur le tournage et la censure du film fusent. Les témoignages des techniciens et acteurs sont aussi intéressants qu'enrichissants, en particulier la rencontre avec Riz Ortolani, compositeur, qui pour Cannibal Holocaust a crée une musique, un air, totalement inédit qui nous hante encore longtemps après.

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Zoé-Alice Klein (21 Octobre 2011)