Clôture de la 11ème Biennale du Cinéma espagnol d’Annecy.

LA 11ème BIENNALE DU CINEMA ESPAGNOL D'ANNECY vient de tirer le rideau et redonner rendez-vous en 2006.
Le festival, même s’il n’a ni la reconnaissance, ni le public en masse qu’ont ses frères anneciens – le festival du cinéma d’animation et le festival du cinéma Italien – compte sur un certain nombre d’adeptes très fidèles qui attendent la manifestation avec impatience. Au hasard, Laetitia annecienne de 27 ans, qui se rue dans les salles de Bonlieu et du cinéma Les 4 Nemours après le travail pour voir ces films qu’elle ne pourrait pas voir ailleurs.

Et c’est vrai, le cinéma que l’on voit ici est un cinéma différent. Non seulement parce qu’il s’agit de cinéma " jeune " (la compétition est réservée aux premiers et seconds long métrages des réalisateurs) mais aussi parce que les films ont souvent un mode narratif bien particulier. IT’S FOR YOU de Bruno Lazaro Pacheco par exemple est un film-vidéo-lettre d’amour que Julian tourne à Toronto pour sa copine restée à Barcelone. SMOKING ROOM de Julio Wallovits et Roger Gual est un film où il ne se passe jamais, ou du moins presque jamais, rien. Les personnages sont statiques et discutent sur le fait de créer ou non une salle fumeurs dans l’entreprise et en même temps de plein d’autres petites choses. NOVIEMBRE second film d’Achero Mañas, le réalisateur de EL BOLA, mélange fiction et pseudo-interviews futuristes sur une troupe amateur de théâtre de rue révolutionnaire pacifiste.

Un point de vue ressort très visiblement de cette sélection qui " se veut le reflet fidèle de la production cinématographique de la péninsule ibérique comme des questions qui traversent la société contemporaine espagnole ", c’est que " tout ça est très joyeux " comme le dit avec un ton très ironique Caroline Ducey, membre du jury, seule femme membre du jury cette année.

Ces films parlent de notre société d’aujourd’hui, de cette société de récession économique, de chômage, de violences quotidiennes. " On sent une volonté de toucher l’être humain au scalpel et d’y plonger ses mains " continue Caroline Ducey au sujet de ces différents films effectivement plus que touchants. Tout le jury semble d’ailleurs d’accord sur la question quand il parle de " films pas sages ", " de films qui vont au fond des choses " ou encore " de jeu d’acteurs charnel " et " de comédiens engagés qui ne se contentent pas de faire de la "représentation" ! "
Le cinéma espagnol d’Annecy va loin, très loin, l’équipe de la Biennale revendique ce choix au risque de choquer une partie de son public.

Pablo Chimienti