Le festival, même s’il n’a ni la reconnaissance, ni le public en masse qu’ont ses frères anneciens – le festival du cinéma d’animation et le festival du cinéma Italien – compte sur un certain nombre d’adeptes très fidèles qui attendent la manifestation avec impatience. Au hasard, Laetitia annecienne de 27 ans, qui se rue dans les salles de Bonlieu et du cinéma Les 4 Nemours après le travail pour voir ces films qu’elle ne pourrait pas voir ailleurs.
Et c’est vrai, le cinéma que l’on voit ici est un cinéma différent. Non seulement parce qu’il s’agit de cinéma " jeune " (la compétition est réservée aux premiers et seconds long métrages des réalisateurs) mais aussi parce que les films ont souvent un mode narratif bien particulier.
Un point de vue ressort très visiblement de cette sélection qui " se veut le reflet fidèle de la production cinématographique de la péninsule ibérique comme des questions qui traversent la société contemporaine espagnole ", c’est que " tout ça est très joyeux " comme le dit avec un ton très ironique Caroline Ducey, membre du jury, seule femme membre du jury cette année.
Ces films parlent de notre société d’aujourd’hui, de cette société de récession économique, de chômage, de violences quotidiennes. " On sent une volonté de toucher l’être humain au scalpel et d’y plonger ses mains " continue Caroline Ducey au sujet de ces différents films effectivement plus que touchants. Tout le jury semble d’ailleurs d’accord sur la question quand il parle de " films pas sages ", " de films qui vont au fond des choses " ou encore " de jeu d’acteurs charnel " et " de comédiens engagés qui ne se contentent pas de faire de la "représentation" ! "
Le cinéma espagnol d’Annecy va loin, très loin, l’équipe de la Biennale revendique ce choix au risque de choquer une partie de son public.
Pablo Chimienti