Deauville, un festival pas comme les autres

Deauville, un festival pas comme les autres

Alors que la 66ème Mostra de Venise a commencé avant-hier, le festival du cinéma américain s’ouvre à Deauville ce soir, dans l’indifférence de certaines stars américaines mais avec l’enthousiasme des passionnés.

L’année cinématographique est rythmée par les sorties hebdomadaires mais aussi quelques festivals prestigieux ici et là, participant à la magie et au rêve que le septième art nous évoque. Leur positionnement est très différent et si quatre évènements tirent leur épingle du jeu, il est très difficile pour les autres d’attirer suffisamment de stars.

Une certaine compétition entre les festivals à l’origine

 

Chronologiquement, le plus ancien est la Mostra de Venise, placée sous le signe de la découverte puisque créé en 1932 sous forme d’une « exposition de films », dans le cadre de la Biennale. Depuis, le festival s’est développé et a ouvert un espace dédié au marché du film, ainsi que deux nouvelles sections (Hors Compétition et Horizons) en 2004. Il est considéré comme le plus respecté après Cannes.

Mais l’Histoire ne fait pas tout et chacun sait que le Festival du film le plus réputé, reconnu, commenté est bien celui de Cannes, créé en 1946 pour concurrencer l’Italien… Largement médiatisé, le Marché du Film de Cannes est le plus important au monde et encourage tous les professionnels du secteur à se rendre sur la côte, la dernière quinzaine de mai. Au fil des ans, le Festival a su conserver son aura et son statut de numéro un paraît indiscutable et acquis à jamais.

Dans l’ordre des choses, les Alliés créèrent le festival de Berlin le 6 juin 1951, pour en faire une vitrine du monde libre. Forcément, il a bénéficié d’appuis importants, mais n’a jamais pu rivaliser avec les deux premiers.

Le festival de Deauville est créé en 1975 et ne prétend nullement concurrencer les trois autres, il veut promouvoir le cinéma américain en France et n’a pas vocation à devenir une référence, il se veut populaire. L’année suivante, le festival international de Toronto est créé dans une démarche purement économique, et il va rivaliser avec le normand car prévu aux mêmes dates, début septembre. Par un jeu de premier lundi de septembre et autre point de départ pratique à retenir, ils se suivent cette année et ne se concurrencent pas directement. Mais il faut savoir que les Canadiens projettent 300 à 400 films en dix jours, et ce marché du film distribue quasiment toute l’Amérique du Nord ! Considéré par Variety comme le festival le plus important après Cannes, en termes de présences de stars et d’activité économique, il fait de l’ombre à Deauville et presque à la Mostra !

Une stimulation supplémentaire pour satisfaire son public cette année

Dans ce contexte difficile, le festival de Deauville a su garder la tête haute et privilégier l’aspect populaire, mais peine à faire venir les stars - ce qui est le meilleur gage de réussite et médiatisation de l’évènement. Cette année, on pourra compter notamment sur Harrison Ford, Andy Garcia, Robin Wright Penn et Meryl Streep. Mais si la dernière vient présenter Julie & Julia, les autres auraient sûrement fait de la promo ailleurs s’ils ne devaient recevoir un prix…

Pourtant la sélection est assez bonne avec les films 500 jours ensemble, The Informant que Soderbergh vient présenter seul, ou encore District 9, produit par le très influent Peter Jackson. La comédie Humpday sera aussi en compétition, alors que l’équipe d’Ultimate Game a décommandé son déplacement, et que le réalisateur Ang Lee - en président du jury de la Mostra - ne peut évidemment pas prendre congé pour la projection de son Hôtel Woodstock à Deauville. Vous l’avez compris, Venise est parvenu à tous les faire venir. De Nicolas Cage à George Clooney, en passant par Michael Moore et Joe Dante ; ils préfèrent les gondoles aux cabines de plage. Il faut dire que les professionnels et la presse considèrent que l’axe incontournable du mois de septembre est Venise/Toronto, il est juste déplorable que les stars également boudent le public normand.

Dans ce contexte un peu morose, les cinéphiles avertis qui feront le déplacement pourront se réconforter avec le jury français présidé par Jean-Pierre Jeunet. Assisté dans sa tâche par Hiam Abbass, Dany Boon, Jean-Loup Dabadie, Emilie Dequenne, Déborah François, Sandrine Kiberlain, Patrice Leconte, Géraldine Pailhas et Bruno Podalydès ; il faut bien être américain pour ne pas fouler le sable…

Résolument tourné vers le public, on peut acquérir un badge permanent pour 150€, 30€ la journée et seulement 12€ pour les étudiants et chômeurs ; le festival a déjà accueilli 50 000 personnes et ne compte pas faire moins alors dépêchez-vous !

=> Toutes les infos sur le Festival du cinéma américain de Deauville
=> Toutes les infos sur le Festival international du cinéma de Venise

Pierre-Olivier Bonne (4 septembre 2009)