Décès du réalisateur du Voyage au bout de l’enfer, Michael Cimino

Décès du réalisateur du Voyage au bout de l’enfer, Michael Cimino

Le cinéaste âgé de 77 ans a disparu le 2 juillet. La nouvelle, d’abord annoncée sur Twitter par le directeur général du Festival de Cannes, Thierry Frémaux, a été confirmée dans le New York Times par son ami et ancien avocat Eric Weissmann. Michael Cimino a été retrouvé mort chez lui par la police, alertée par des proches du réalisateur qui s’inquiétaient de ne pas réussir à le joindre par téléphone.

Ironiquement, c’est son Voyage au bout de l’enfer en 1978 qui lui avait permis de mettre le tout Hollywood à ses pieds. Né le 3 février 1939 à New-York, Cimino suit des études d’arts à la Michigan State University avant d’être accepté à Yale où il se spécialisera en théâtre et architecture. Il fait alors ses débuts en travaillant pour des agences publicitaires, avant de collaborer au film de science-fiction de Douglas Trumbull, Silent Running et d’écrire le scénario de Magnum Force deuxième volet de la saga de l’Inspecteur Harry. Clint Eastwood, impressionné par le travail du jeune scénariste, lit et achète le script de ce qui sera le Canardeur en confiant le rôle de réalisateur à Cimino. Un premier succès qui permettra à ce dernier de réaliser Voyage au bout de l’enfer (The Deer Hunter) et de s’entourer d’acteurs tels que Robert De Niro, Christopher Walken, John Savage, John Cazale ou Meryl Streep. Premier film traitant de la guerre du Viêt Nam, mais aussi de ses impacts psychologiques, il sera salué par la critique, récoltant cinq Oscars en 1979, dont celui de Meilleur Film et de Meilleur Réalisateur.

Malheureusement, La Porte du Paradis, son troisième film, le fera passer au statut de paria d’Hollywood. Après un tournage interminable et plus coûteux que prévu, le film signera la fin de la société de production et de distribution United Artist. Ce n’est qu’en 2012, lors d’une présentation à la Mostra de Venise dans une version longue restaurée et remasterisée, que La Porte du Paradis sera finalement encensée par les critiques.

En 1985 Cimino réalise L’année du Dragon, une adaptation du roman de Robert Daley, avec Mickey Rourke dans le rôle titre. Mais le film, taxé de « raciste », créera la polémique et recevra donc un accueil mitigé du public. Deux ans plus tard, Cimino revient avec Le Sicilien, mais manquera une nouvelle fois de susciter l’intérêt des critiques et des spectateurs.

Qualifié de réalisateur maudit, Cimino déclare en 2014 dans une interview avec le magazine Sofilm : « Moi, on m’a collé toutes les étiquettes. J’ai été traité d’homophobe pour Le Canardeur, de fasciste pour Voyage au bout de l’enfer, de raciste pour L’année du dragon, de marxiste pour La porte du paradis et de violent pour La maison des otages… ». Des étiquettes qui l’empêcheront de faire aboutir ses autres projets, notamment un film consacré au Tour de France et une adaptation de La Condition humaine d’André Malraux.

Sunchaser, sorti en 1996, sera le dernier film de Michael Cimino. En compétition au Festival de Cannes la même année, il ne fait pas beaucoup de bruit lors de sa sortie en salle en Europe et sortira directement en vidéo aux États-Unis. En 2001, il publie son premier roman, Big Jane pour lequel il obtiendra le prix littéraire Lucien Barrière lors du Festival du cinéma américain de Deauville. La même année, Cimino, qui aimait résider en France, recevra la médaille de chevalier des arts et lettres.

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Solène Filly (4 juillet 2016)