Des sans-papiers entre les murs

L’exposition médiatique d’une Palme d’or a évidemment d’énormes retombées sur le milieu du cinéma, mais aussi parfois sur la vie politique. Cette année, on peut dire que Sean Penn et son équipe ont frappé fort.

Trois jours après cette Palme d’or, le film Entre les Murs fait toujours la une des journaux, largement relayé par le pouvoir de la télé. Ces 24 jeunes secouent la France comme ils ont secoué le Festival de Cannes. Comme une bonne nouvelle n’arrive jamais seule, Aïssata, d’origine malienne et mère de Boubakar, un des adolescents du film Entre les murs est convoquée ce mercredi à la préfecture de police « pour examen de sa situation », en vue d’une procédure de régularisation.

Soutenue par Laurent Cantet, militant du réseau Education sans frontières, depuis le début de cette énième démarche, elle s’était présentée le 26 mars dernier au centre de réception des étrangers de la préfecture pour obtenir un titre de séjour. Cette fois, la situation risque de franchement s’améliorer pour cette mère de famille, grâce aux projecteurs du Festival de Cannes.

Alors, on ne va pas s’en plaindre, c’est très bien pour Boubakar et pour sa mère Aïssata. Rien que pour ça, c’est déjà un film utile. Mais, pour les autres ? Faut-il s’appeler Eunice Barber et être capable de remporter une médaille d’or aux Jeux Olympiques pour se voir régulariser très vite ? Faut-il jouer dans un film palmé à Cannes pour pouvoir être régularisé ? Faut-il être seulement capable d’apporter sa dose de prestige à l’échelle internationale à la France pour être « régularisable » ?

A la question posée par Yves Calvi à Nicolas Sarkozy lors de son intervention télévisée du 24 Avril 2008 : « Ne pensez-vous pas qu’il soit possible de régulariser un sans papiers qui travaille en France depuis un minimum de 5 ans ? », le président français avait répondu un « Non » ferme et définitif. Pour le prestige de la France, oui, pour monsieur tout le monde, plus acharné au travail que le français moyen et qui accumule les jobs pour se loger, se nourrir et nourrir tout un village en Afrique, non.

F.B. (Le 28 Mai 2008 – Avec AFP).