Donnez une chance à Southland Tales

Faire partie des films présentés à Cannes, c’est plutôt chouette. Etre, en plus, sélectionné en compétition officielle, là c’est vraiment la classe. Surtout pour un jeune réalisateur porté aux nues après un premier film lunaire.
Alors franchement, mettez-vous à la place de Richard Kelly lorsqu’il apprend au printemps 2006 qu’il vient de gagner son billet aller-retour pour la Croisette afin de présenter son Southland Tales ! Après un Donnie Darko geekement culte qui lui avait ouvert pas mal de portes, le nouveau chouchou du cinéma indé fantastique bombe le torse et se pointe avec ses acteurs et le sourire aux lèvres.
Mesdames et messieurs les festivaliers ouvrez bien les yeux et découvrez une « fable satirique apocalyptique comique ». Rien que ça.

Mai 2006, c’est l’effervescence : cinéphiles anonymes, journalistes et professionnels se bousculent pour savourer la nouvelle perle au casting tellement improbable (Dwayne Johnson, Sarah Michelle Gellar, Seann William Scott, Mandy Moore, etc.) que forcément hype. Qu’importe, le petit Richard est soutenu par tous, même Francis Ford Coppola.
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Euh, oui, mais non en fait. Après les premières projections, les spectateurs sont complètement déboussolés. Pour faire simple, personne n’y comprend rien et certains sont même plongés dans un profond sommeil. Faille temporelle, apocalypse, état policier, Buffy en pornostar, tout s’emmêle et s’entrechoque dans un joyeux chaos.

On ne peut pourtant pas reprocher à son auteur d’avoir mûrement réfléchi son film : « je voulais depuis longtemps écrire sur Los Angeles, exprimer ma frustration vis-à-vis de cette ville, que je ne peux pas m’empêcher d’aimer. (…) En quatre ans, le film s’est peu à peu transformé en quelque chose de plus substantiel et de plus profond (…) il y a eu le 11 septembre, puis le Patriot Act et la guerre en Irak. Je me suis mis à ajouter une à une des couches de sous-texte politique dans le script et à y mêler les influences de Phillip K. Dick, Kurt Vonnegut, Andy Warhol ou encore celle du film noir. »

Et pourtant… Mars 2009 – seulement ! - Southland Tales – après avoir été monté et remonté – montre enfin timidement le bout de son nez en France… en DVD et en catimini. Dommage car cette oeuvre libertaire et révolutionnaire, certes foutraque, mérite le coup d’œil.

« Ca parle d’un week-end du 4 juillet où tout se met à partir en vrille pour de bon… » nous averti Richard Kelly. Alors, prenons-le comme ça. A la fois film d’auteur et film hollywoodien, pamphlet politique et délire satirique, le film dérange. Et c’est tant mieux.

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« C’est ainsi que le monde prend fin… »

2008, Californie. Une attaque nucléaire surprise a précipité l’Amérique dans la guerre. Pour répondre à la pénurie de carburant, la compagnie US-ident élabore un générateur d’énergie inépuisable, qui fonctionne sur les flux de l’Océan mais altère imperceptiblement la rotation de la Terre. Bientôt, la réalité s’en trouve bouleversée, en particulier les vies de l’acteur d’action amnésique Boxer Santaros, de l’ex-star du X Krysta Now et des frères jumeaux Roland et Ronald Taverner, dont le destin se confond avec celui de l’humanité toute entière…

Eléonore Guerra (Le 27 Mars 2009)