Envoûtés par les amants de James Gray

On l’avait laissé en prodige du polar, James Gray revient cette fois (après seulement un an, c’est rare !) avec un drame amoureux superbe : Two Lovers.

Ce n’est pas tant par l’incarnation subtile de cette histoire d’amours plurielles et bancales (mais tellement vraies) qu’on est séduits. Si ce n’était que cela, on serait déjà bien contents ! Non, James Gray, en faiseur d’images de génie, nous offre surtout un film so(m)brement lumineux, touchant par son humanité bizarre et envoûtant par sa mise en scène subtile.
Attendu par certains avec un manche de pioche dans un genre qu’on ne lui connaît pas, le réalisateur de the yards prouve – s’il le fallait – qu’il a le cinéma dans le sang et au bout des doigts, et qu’il est l’un des rares cinéastes américains d’aujourd’hui à transformer un banal trio amoureux en valse sensuelle hallucinée.
Il est aussi l’un des seuls à soigner le détail au point de nous bluffer : un message répondeur qui ne dure qu’une allumette en dit long….

Eléonore Guerra (Cannes, le 20 mai 2008)