Essential Killing : Run, Run, Runaway (Test DVD)

Essential Killing : Run, Run, Runaway (Test DVD)

Hélicoptères, vues aériennes, panorama désert de l'Afghanistan. Des troupes américaines contrôlent le territoire. Terré dans un canyon, fébrile, il dégomme trois G.I qui se grillaient tranquillement un pétard.
Errant dans un immense paysage ensablé, il est mis à terre par un lance roquette et emmené dans ce que l'on suppose être une base secrète américaine. Interrogé et torturé, ni les autorités, ni nous spectateur, ne saurons qui est ce barbu mutique désorienté. Un terroriste ? Un taliban ?

Cet afghan (on imagine) au regard perdu, parfois illuminé, parvient à s'échapper lors d'un transfert qui tourne mal. Adieu la chaude terre ocre afghane, bonsoir le paysage enneigé et glacial de l'Europe centrale (encore une fois on suppose). Une véritable chasse commence alors, notre fugitif se retrouve en lutte face à la nature, à autrui, et à lui-même ; désormais réduit à un état primitif, telle une bête sauvage se battant pour sa survie.
Du piège à loup, aux baies toxiques, en passant par un lac gelé, cette forêt hostile (exaltée à l'écran) est un réel piège. Traqué par les forces américaines, prisonnier d'une nature féroce et d'un cadre maîtrisé, sa fuite prend vite les airs d'un chemin de croix, une sorte de quête de rédemption.

"La guerre est décrétée pour toi bien qu'elle te soit odieuse. Mais il arrive que tu haïsses une chose qui t'es bonne et il arrive que tu aimes une chose qui t'es mauvaise."

A chaque moment où ce "survivor" semble faiblir, apparaissent des flash back mystiques, voire oniriques. Des leçons de l'école coranique à celle qui semble être sa femme, ces "revival" l'arrachent à son instinct primitif et le ramènent, l'espace d'un instant, à sa condition d'homme. Ces moments humains sont de courte durée dans cette chasse à l'homme qui ne lui laisse aucun répits. Jusqu'à son arrivée ou plutôt son intrusion, dans une maison au fond des bois chez une inconnue (Emmanuelle Seigner) qui, le temps d'une jolie scène, apportera un certain réconfort à cet homme aux abois et de la chaleur au film. On aurait espéré que cette femme sourde et muette puisse lui inspirer quelques mots mais rien, et c'est mieux ainsi, c'eut été trop facile.
Comme si sa vie n'avait à présent de sens que dans ce perpétuel combat, c'est naturellement que ce guerrier (dont on apprendra le nom au générique de fin seulement) reprendra sa route jusqu'à ce que la nature, que Dieu ait raison de lui.

Radical, Vincent Gallo s'empare du rôle de façon bluffante, mettant en avant son côté animal et délaissant sa pudeur pour ainsi mieux servir son personnage. Prix d'interprétation masculine à la Mostra de Venise 2010 pour ce film, Gallo fait corps avec la nature et la caméra, parfois subjective, de Jerzy Skolimowski.
Chez Skolimowski tout est beau, tout est magnifié. De l'insignifiante fourmis à une neige pure et scintillante. Instinctif, Essential Killing prouve que le film d'action n'est pas inaccessible pour le cinéma d'auteur.

Le DVD

Le DVD d'Essential Killing est aussi vierge que la neige du film.
Si l'identité du personnage et ce qui l'a mené a tuer ces soldats américains n'est pas explicité c'est que ce n'est pas nécessaire. La preuve, ça n'entache rien à la qualité supérieure du film et ainsi Jerzy Skolimowski nous pousse à l'abstraction pendant près de 1h20.
Alors pas de bonus, soit. Comme si le film se suffisait à lui-même. Et pourquoi pas ?

La bande-annonce :

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Zoé-Alice Klein (23 Septembre 2011)