Fright Night : Entretien avec Colin Farrell & Craig Gillespie

Fright Night : Entretien avec Colin Farrell & Craig Gillespie

À l'occasion de la sortie prochaine de Fright Night, le personnage central, Colin Farrell et le réalisateur Craig Gillespie nous offre un petit entretien pour en savoir plus sur leur collaboration.

Entretien avec Colin Farrell & Craig Gillespie

Colin, qu'est-ce qui vous a séduit dans ce projet ?

CF : Cela fait trois ou quatre ans que j'enchaîne les rôles et les films dramatiques. J'ai dit à mon agent, texto, "J'adorerais faire un truc qui me change VRAIMENT et qui soit assez drôle, assez délirant".

Et on a reçu ce projet. J'étais un peu sceptique parce que j'avais vu la version d'origine quand j'avais 11 ou 12 ans et que je l'avais adorée. J'aimais particulièrement le jeu de Chris Sarandon dans le rôle de Jerry, et j'avais un petit faible pour lui quand j'étais gamin, si bien que je n'avais pas envie d'aimer le scénario en le lisant. Je me suis dit, "Un remake de VAMPIRE, VOUS AVEZ DIT VAMPIRE ?, ça peut être une idée foireuse." Mais j'ai beaucoup aimé le scénario et j'y ai décelé le potentiel comique.

Le succès du film était aussi largement tributaire du metteur en scène, qui pouvait faire en sorte que le résultat fonctionne ou pas. Quand j'ai appris que Craig Gillespie allait réaliser le film, on a pris le temps de se parler, et j'ai compris que ce serait génial de jouer un personnage que rien ne saurait arrêter – ni la peur, ni le remords, ni les regrets, ni la compassion. La scénariste Marti Noxon a conçu le personnage avec beaucoup d'originalité. Elle voulait que Jerry soit un vampire bien plus malveillant, violent et cruel que les vampires qu'on voit au cinéma depuis quelques années.

Craig, qu'est-ce qui vous a intéressé dans ce projet ?

CG : Le scénario de Marti Noxon. Je ne cherchais pas franchement à réaliser un film de vampire. J'avais le sentiment qu'il y en avait déjà bien assez comme ça, et je développais un ou deux projets plus modestes. Et puis, DreamWorks m'a envoyé le scénario de FRIGHT NIGHT qui mêlait formidablement horreur et humour. J'adore croiser les genres, et comme je repensais sans cesse au projet et que j'arrivais à le visualiser dans ma tête, je me suis lancé dans l'aventure.

Colin, avez-vous consciemment essayé d'apporter une dose d'humour à votre personnage ?

CF : Non, personne ne m'a demandé d'amener de l'humour au film. C'était plutôt David Tennant et Christopher Mintz-Plasse qui étaient censés apporter la touche de comédie. Leurs dialogues étaient très drôles, et ces deux garçons ont un sacré sens de l'humour. J'incarnais la part d'horreur du film, et eux sa part de comédie.

Craig, étiez-vous conscient, en tant que metteur en scène, du décalage entre humour et horreur ?

CG : Non. Il fallait que ce soit un film d'horreur avant tout. Je voulais faire en sorte que le spectateur soit réellement terrorisé à certains moments, et qu'il bondisse sur son siège. L'humour vient dans un deuxième temps, et il faut alors savoir le doser. La plupart du temps, il permet de souffler dans un moment terrifiant, mais même pendant le montage, il pouvait nous arriver de nous dire qu'il y avait un gag de trop dans une scène. C'était une bataille permanente.

Pour le personnage de Colin, il fallait qu'il s'amuse en étant un parfait salaud. Pour moi, un vrai bon méchant est réussi s'il garde une certaine distance humoristique par rapport à ce qu'il fait, et s'il y prend du plaisir, aussi atroces que soient ses actes. De ce point de vue, Colin s'en est tiré à merveille. Il s'est beaucoup amusé à être cruel.

Saviez-vous d'emblée que vous alliez tourner le film en 3D ?

CG : Dès mon premier rendez-vous chez DreamWorks, les responsables du studio m'ont dit qu'ils voulaient que je tourne le film en 3D. Je me suis dit, "Bon, j'ai vu d'énormes productions en relief comme AVATAR et ALICE AU PAYS DES MERVEILLES. Eh bien, ça pourrait être génial de réaliser un film d'horreur où deux types arpentent un couloir et où on se demande ce qu'il y a au bout de ce couloir…" Je me suis pris au jeu, et je me suis vraiment plus à tourner le film dans cette optique.

Entretien avec Craig Gillespie

Comment êtes-vous passé d'un film assez modeste comme UNE FIANCéE PAS COMME LES AUTRES à une production importante comme FRIGHT NIGHT ?

Le scénario de Marti Noxon m'a beaucoup plu car elle a su mêler horreur et humour, mais à une bien plus grande échelle qu'UNE FIANCéE PAS COMME LES AUTRES. J'aime faire en sorte que le spectateur se sente sollicité. Je tiens à lui laisser suffisamment de marge de manœuvre pour qu'il décide par lui-même si telle scène est drôle ou pas, ou si le ton est tragique ou effrayant. Nous avons tous notre propre interprétation des histoires que nous entendons et j'aime bien l'idée que chacun ait son point de vue sur un film.

Je n'avais pas encore eu l'occasion de faire de la caméra l'un des personnages de mon film. Dans le cinéma d'horreur et les thrillers, cela fait partie intégrante du dispositif de mise en scène. Dans mes précédents films, je m'étais surtout concentré sur le jeu des acteurs, et je voulais que la caméra soit invisible. Dans celui-ci, la caméra est l'un des protagonistes et, à ce titre, suscite du suspense, de la peur, et des émotions fortes, lorsqu'elle se faufile dans une pièce ou qu'elle filme un personnage à la volée. C'était vraiment amusant à faire.

Qu'est-ce qui vous a posé le plus de difficultés en tournant le film en 3D ?

Je tenais vraiment à utiliser cette technologie avec fluidité et à ce qu'elle ne prenne pas le pas sur le jeu des acteurs. Tourner en 3D ne fait pas du tout appel aux mêmes capacités qu'en 2D. Il existe beaucoup de règles sur ce qu'il faut faire ou ne pas faire quand on utilise des caméras 3D, mais au bout du compte, j'ai eu le sentiment qu'il s'agissait avant tout d'avoir une sensibilité artistique.

J'ai également travaillé avec Javier Aguirresarobe, qui est un directeur de la photo extraordinaire. Il a éclairé 54 films, dont LES AUTRES, LA ROUTE et – détail amusant – les deux derniers volets de la saga TWILIGHT. On a travaillé avec une profondeur de champ restreinte, ce que l'on n'est pas censé faire en 3D, mais on s'est dit que le spectateur aurait le sentiment de se retrouver dans un espace confiné et clos.

L'autre spécificité du tournage en 3D, c'est que la caméra doit être stable. On ne peut pas vraiment tourner caméra à l'épaule car le matériel est trop encombrant. Paradoxalement, FRIGHT NIGHT m'a ramené à l'époque d'un tournage traditionnel. J'ai fait des mouvements d'appareil très lents, à la Dolly, car il fallait tourner les scènes en un seul plan. C'était intéressant de viser cette fluidité.

Comment s'est passée votre collaboration avec DreamWorks ?

C'était formidable. Ils m'ont vraiment fait confiance parce que je n'étais pas a priori le réalisateur qui s'imposait pour ce type de projet. S'agissant de la tonalité d'ensemble qu'on cherche à obtenir, c'est toujours une question extrêmement délicate. Il faut savoir qu'on a le soutien du studio, parce que si on part dans trop de directions à la fois, on peut se perdre en cours de route. Il faut avoir une vision très claire des choses quand on réalise un film, et DreamWorks m'a beaucoup encouragé dans ce sens et m'a donné les moyens d'y arriver. Le studio m'a aussi fait confiance pour le casting et le tournage. J'ai dû tourner quelques plans très compliqués et ils m'ont aidé à les mener à bien.

Avez-vous été satisfait du casting ?

Je crois bien que c'est Howard Hawks qui disait que le casting compte pour 90% dans la réalisation d'un film. Anton s'est beaucoup investi personnellement dans son personnage et dans son parcours initiatique. Il joue le type solide du film, ce qui est toujours très compliqué. Pour Imogen, il fallait surtout travailler ses rapports avec Charley et l'évolution de leur relation. Christopher Mintz-Plass et David Tennant ont apporté une touche humoristique qui était bienvenue, tout en étant très concrets. On a dû trouver des acteurs qui soient en adéquation avec le ton du film, et on y est parvenu. Ils ont fait en sorte que leurs efforts ne se voient pas à l'écran.

Qu'avez-vous pensé de Colin dans le rôle du vampire ?

Il est parfait. Tandis qu'Anton joue un ado qui tente de grandir, Colin campe le mâle dominant que le garçon doit affronter pour devenir adulte. C'est un affrontement classique entre deux mâles, et une situation ancestrale, où deux mâles se provoquent en duel. Colin est l'incarnation même du type viril non seulement parce que c'est un vampire, mais aussi en raison de sa personnalité. Il a totalement cerné son personnage. Il a abordé le rôle sans crainte et a compris instinctivement ce qui se jouait. Colin a apporté tout un tas de petits détails qui donnent vraiment vie au personnage.

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(29 Août 2011)