Grand Piano : une symphonie haletante (Test DVD)

Grand Piano : une symphonie haletante (Test DVD)

Un orchestre, un piano mythique, une salle comble et l'un des meilleurs pianistes au monde, tout semble parfait pour une soirée haut de gamme, mais c'est sans compter le sniper qui menace de tuer le soliste à la moindre fausse note…

Eugenio Mira, fidèle collaborateur de Rodrigo Cortes (Red Lights) en tant que compositeur, fait de sa passion le thème central de son premier long-métrage : Grand Piano.

Ainsi donc, c'est l'occasion de retrouver Elijah Wood qui a délaissé ses oreilles pointues et pieds poilus pour un costard sur-mesure, dans la peau d'un jeune prodige du piano torturé. Tout en justesse l'acteur arrive à donner corps à l'angoisse de son personnage : jouer dans une salle comble cinq ans après s'être planté sur un morceau mythique. Bourré de tocs, paranoïaque sur les bords, Elijah Wood se mue véritablement en ce personnage complexe et complexé, qui vacille sans arrêt dans des tourbillons lunatiques loin d'être anodins. Face à lui, son bourreau, un sniper mélomane et perfectionniste qui convoite une clé mystérieuse, interprété par un John Cusack sombre et nébuleux. Pendant la majeure partie du film, ce n'est que le son de sa voix que l'on entend via une oreillette : tout en nuance, il ne fout pas les jetons, mais le ton peu chaleureux et son caractère maniaque rendent palpable l'atmosphère étouffante qui se resserre comme un étau autour du pianiste.

C'est une intrigue rythmée et efficace que signe Eugenio Mira, en soignant les détails de la manipulation de John Cusack et en poussant ses acteurs comme ses personnages à leurs limites. Un travail que l'on retrouve dans les bonus avec une interview d'Elijah Wood, et le making of impressionnant axé sur le décor et l'incroyable reproduction de la salle de concert.

Bien ficelé, mais sans surprise, le scénario prend vie grâce aux mouvements étourdissants de la caméra et de la photographie sombre et impeccable qui donne une austérité affûtée à ce jeu du chat et de la souris. Le résultat est prenant, sur un format étonnement court (1h15), l'efficacité est redoublée.

Pour l'amour de la musique, le réalisateur signe une belle performance.

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Lysiane Tréguier (30 avril 2014)