Hors la loi de Rachid Bouchareb séduit au Fespaco

Hors-la-loi, évocation de la guerre d'Algérie signée de Rachid Bouchareb, a été bien accueilli par les cinéphiles vendredi lors de sa projection au 22ème Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco), alors qu'il avait suscité la polémique en France.

Le film, qui retrace le parcours de trois frères ayant survécu aux massacres de Sétif en mai 1945, n'a pas réussi le week-end dernier à décrocher l'Oscar du film étranger. Et s'il n'est pas en compétition au Fespaco, il a attiré de nombreux spectateurs.

"C'est un très bon film. C'est dommage qu'il n'ait pas été en compétition pour un film qui a la qualité" pour être dans la course, explique Violette Zerbo, une photographe burkinabè de 24 ans.

"J'ai vu le précédent film de Rachid Bouchareb, le sujet de Hors-la-loi est aussi fort que celui d'Indigènes. Bravo au réalisateur!", salue Apollinaire Baghyan, un Burkinabè de 49 ans. Indigènes relatait le destin de tirailleurs nord-africains envoyés libérer la France de la domination nazie.

"C'est un pan de l'histoire tumultueuse des relations franco-algériennes avant l'indépendance. En tant qu'Africain, ça montre comment la période coloniale a été violente pour nos parents", analyse le Sénégalais Vieux Sankaré, 59 ans.

Le Congolais Denis Kilongué, 34 ans, dit ne pas comprendre la polémique que le film avait déclenchée en France. Il avait été accusé par certains de "falsifier l'Histoire".

"Pourquoi a-t-on condamné le réalisateur? J'ai plutôt l'impression que c'est parce qu'il a été réalisé par un ancien fils de colonisé qu'on ne veut pas l'admettre. Un Européen l'aurait fait, on ne discuterait pas de l'histoire mais de ses qualités techniques et artistiques, qui sont indéniables", lâche-t-il.

"Pour un film d'histoire c'est assez violent, ça fait très peur et je me demande comment on peut instruire les enfants avec une telle violence, même si ça a pu exister", s'interroge Minata konaté, une Malienne de 28 ans.

"Je comprends que certains contestent la manière dont (Bouchareb) a relaté les faits. Etant fils de colonisé on ne peut dire qu'il n'avait pas de parti pris. Mais c'est ça le cinéma", juge la Ghanéenne Abina Nyarko.

"Le public était merveilleux! Avoir autant de gens pour une première projection ici me satisfait énormément", a réagi Ahmed Benaïssa, l'un des comédiens venus défendre le film en l'absence du cinéaste.

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(4 Mars 2011 - AFP)

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