Hors la loi, T. Frémeaux s'exprime sur la polémique

"Si la polémique reste à hauteur du débat d'idées, nul ne doit s'en plaindre", estime Thierry Frémaux, délégué général du Festival de Cannes en réaction à l'accusation de "falsification" de l'Histoire que s'attire, avant même d'avoir été projeté, le film Hors-la-loi.
Signé par le cinéaste Rachid Bouchareb, ce long métrage qui représente l'Algérie en compétition au 63e festival (12-23 mai) suit, de la fin des années 1930 à l'indépendance algérienne en 1962, le destin de trois frères à travers la tumultueuse histoire commune aux deux pays.

"Si la polémique reste à hauteur du débat d'idées, nul ne doit s'en plaindre, ni ceux qui ont produit le film, ni ceux qui s'en font les adversaires. Dans les deux cas, que la liberté d'expression s'exerce pleinement, c'est tant mieux", a déclaré Thierry Frémaux dimanche à l'AFP.

"Mais pour l'instant, les jugements portés sur Hors-la-loi ne concernent que le scénario, pas l'oeuvre achevée. Et je salue la sagesse du ministre de la Culture qui, n'ayant pas vu le film, ne s'est pas exprimé sur le sujet", a-t-il poursuivi.

Le député UMP des Alpes-Maritimes, Lionnel Luca, qui n'a pas vu Hors-la-loi, l'a accusé de "falsifier" l'Histoire sur la base d'un bref avis émis, à partir d'un scénario provisoire, par le service historique du ministère de la Défense (dont l'AFP a eu copie) lequel relève des anachronismes. La même accusation parcourt des sites d'extrême droite.

Thierry Frémaux se félicite néanmoins que Cannes puisse contribuer au travail de mémoire sur des évènements douloureux de l'Histoire. "L'art ne se résume pas à échanger des mots d'amour, il contribue aussi à visiter la grande et les petites histoires. Cannes est là pour servir le cinéma et accueillir les débats qui vont avec", dit-il.
"Mais il est fréquent qu'on instrumentalise le festival. C'en est presque une tradition ! Sa notoriété est telle que cela peut se révéler efficace. Si c'est pour discuter, voire se disputer, pourquoi pas ? Pour s'affronter et s'invectiver, non".
"Nul ne laissera le festival être troublé outre-mesure par une controverse excessive. La première mission du festival est de montrer des films, de donner un instantané de la création, de se faire l'écho des metteurs en scène",
conclut le délégué général.

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(2 mai 2010)

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