Jamais sans mon fils... Un Eastwood discret

En habitué (toujours reparti bredouille, cependant), Clint Eastwood revient sur la Croisette avec, dans ses bagages Angelina Jolie (et Brad Pitt, Pax, Shiloh, Maddox, …) en mère courage brisée par la disparition de son fils, puis par une police corrompue.

Une histoire vraie, des thèmes récurrents qui font mouche (l’individu broyé par le système, l’enfance abusée, la corruption et les mensonges) et une double intrigue captivante, le réalisateur de Mystic River sort l’artillerie lourde pour l'échange.
Il braque en plus sa caméra sur une Angelina Jolie – Mère Teresa habitée (toutes larmes aux yeux) par son personnage ; enveloppant son film d’une mise en scène toujours aussi classique, certes, mais toujours aussi maîtrisée (certains évoquent déjà un Prix). Indubitablement, Eastwood et Angie nous embarquent dans une intrigue terrible et passionnante.

Pourtant… Pourtant quelque chose manque. Pourquoi n’est-on pas bouleversés par le déchirant parcours de l’héroïne ? Pourquoi a-t-on le sentiment de s’être peu à peu – et malgré nous – laissés distancer par le film ? Pourquoi Eastwood a-t-il enfermé ses personnages dans un clivage manichéen si marqué ? Et pourquoi sort-on de la salle conscients d’avoir vu un bon film, mais déjà amèrement convaincus que cette œuvre ne restera – malheureusement – pas gravée dans nos mémoires ?
Frustrés ou un peu déçus, on ne sait pas trop…

Eléonore Guerra (Cannes, le 21 mai 2008)