L'affiche du film AMEN continue à faire scandale

Une croix chrétienne prolongée sur trois branches par une croix gammée, le titre du film AMEN, la tête des deux acteurs principaux (Mathieu Kassovitz et Ulrich Tukur), tout ça sur un fond rouge et noire (les couleurs du nazisme), cette affiche sera bientôt placardée sur tous les murs de France, tout du moins si elle n'est pas interdite avant.
Car le scandale autour de cette dernière, réalisée par l'Italien Oliviero Toscani, le fameux photographe de Benetton, ne fait que s'amplifier.
Alors que le président de la conférence des évêques de France, Mgr Jean-pierre Ricard a estimé que cette affiche crée "une identification intolérable du symbole de la foi chrétienne avec celui de la barbarie nazie" et qu'elle doit être dénoncé pour "tous ceux qui sont attachés à la dignité humaine, à la liberté humaine et au respect des croyances". Le réalisateur du film, Costa-Gravas, se défend de quelque "délit de diffamation envers quelque groupe religieux que ce soit" et déclare qu'il ne voit en elle "aucun caractère délibérément provocant".
Présenté au festival de Berlin et concourant pour l'Ours d'or, AMEN dénonce le silence de l'Eglise et du Pape Pie XII, face à l'extermination des juifs et des tziganes par les nazis durant la seconde guerre mondiale. Il devrait sortir en France le 27 février, mais il n'est pas sûr que l'on voit cette affiche. En effet, le président de Grande instance de Paris vient d'autoriser l'association ultra-catholique AGRIF à assigner en référé le producteur, le réalisateur et le producteur du film afin de la faire interdire.
Rappelons que ce n'est pas la première affaire de ce genre. En effet en 1997, les évêques avaient dénoncé l'affiche de LARRY FLINT, de Milos Forman, qui avait lui-même pris l'initiative de la retirer. Elle représentait un homme en position de crucifié sur un pubis féminin.
Enfin, notons qu'aucune critique négative n'a encore été pronocée concernant le contenu du film. Les premières réactions sont d'ailleurs plutôt positives. Par exemple, Gérard Lefort, journaliste à LIBERATION a écrit "on craignait que, sur un sujet aussi "lourd", Costas-Gravas n'enfonce les clous avec la délicatesse d'un éléphant. Il n'en est rien et c'est une très belle surprise."(article entier disponible sur le site de Libération)
C.M. 15 février 2002