L'Agora d'Alejandro Amenabar déroute

Alejandro Amenabar sur la Croisette, ça sonnait vraiment comme une bonne nouvelle. Le petiot est tout de même responsable du tiercé gagnant Ouvre les yeux, Les Autres et Mar Adentro. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’on file, aux aurores, voir son nouveau film de près de 2h30 (si, si, ce genre de détails a de l’importance).
C’est sûrement aussi parce qu’on le tient en grande estime qu’on va lui donner une chance dans ces lignes. Et oui, une chance. Parce que, de prime abord, Agora, c’est parfois un peu dur à défendre.

2h21 de film (on vous l’a dit), pas de star (à part la sublime Rachel Weisz), un film en toges qui n’est pas un peplum et une foultitude de considérations métaphysiques aussi bien sur la religion que la science ou la philosophie. A 8h30 du matin. Oui madame, oui monsieur. L’ambition d’universalité est aussi grande que louable, Senor Amenabar.

Le cinéaste le dit lui-même, à travers l’histoire tragique d’Hypathie d’Alexandrie (une astronome géniale du IVème siècle après Jésus Christ), il a cherché à embrasser quelque chose d’immense en nous montrant ce qui nous rend tous semblables : le besoin de croire. Que ce soit en Dieu, en un modèle de valeurs ou de pensée ou même en la Raison elle-même. Oui, de croire. Mais aussi de douter.

Véritable plaidoyer à grand spectacle contre les extrémismes de tous bords – si enracinés dans leurs certitudes qu’ils se sentent pour mission de supprimer toute possibilité de résistance, Agora se lance sans retenue dans une réflexion marathonienne un peu casse-gueule, multipliant les images symboliques (les hommes observés tels des fourmis) et les références aux temps actuels.

C’est beau, c’est grand, c’est habité… mais ça tombe, malheureusement, un peu à côté.
Aller Alejandro, on oublie celui-ci et on attend le prochain avec impatience.

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Eléonore Guerra (Cannes, le 18 mai 2009)