L'Ange du mal, gangster à la milanaise (test DVD)

L'Ange du mal, gangster à la milanaise (test DVD)

Renato Vallanzasca, vous connaissez ? Ce nom ne vous dit vraiment rien ? Et pourtant, cet "Al Capone" version italienne défraya la chronique dans les années 70 et déchaîna littéralement les passions.

Projeté dans nos salles obscures en septembre dernier, L'Ange du mal (Vallanzasca) est à présent disponible dans les bacs. Retour sur une légende vivante qui purge actuellement une peine de quatre perpétuités soit... 260 ans de prison de sûreté.

Dès le début du film, le ton est donné. Michele Placido, le réalisateur, plante le décors dans l'univers carcéral. Les douches, la cellule, les cafards, la violence (aussi bien physique que verbale)... tout y passe. Renato (Kim Rossi Stuart), l'ange du mal, provoque les gardiens et finit par se prendre une rouste. A mesure que les coups pleuvent, il se souvient... Flash-back. Le revoilà enfant, traînant avec son "gang" dans les bas-fonds d'un quartier populaire de Milan. Plus tard, les temps changent, les amis restent et les petits vols à l'étalage laissent place aux braquages de plus grande envergure.

Entre deux séjours en prison, Renato rencontre Consuelo. De cette courte passion amoureuse, interrompue par une énième incarcération, va naître un enfant qu'il ne verra que très ponctuellement, à l'occasion de courtes visites au parloir. Très vite, mère et enfant, partis refaire leurs vies avec un autre homme, sont éclipsés pour ne plus être qu'un vague souvenir. A partir de là, le rythme change et se dynamise. Avec la complicité de ses amis, il parvient à s'échapper de la prison. C'est là que l'action débute véritablement. Jusqu'à la fin du film, on aura droit à une série de braquages entre amis, tantôt drôles (digne d'un sketch), tantôt tragiques (un guichetier est abattu accidentellement). Les choses s'enveniment encore un peu plus quand un membre du gang abat deux policiers après avoir montré, par erreur, le permis de conduire de Renato. S'ensuit une longue cavale. Vallanzasca devient l'ennemi public n°1. La police italienne est sur les dents, un jeu du chat et de la souris se met en place. Au bout d'un moment, arrive ce qui devait arriver, l'ange du mal est rattrapé et mis au trou. Jugé, il écope d'une peine de prison à perpétuité. Pourtant l'histoire ne s'arrête pas là, il se joue des autorités et parvient de nouveau à s'enfuir. Que de rebondissements !

Voilà pour l'histoire. Si l'on regarde de plus près, ce bandit séducteur, manipulateur, grande gueule et cynique, on ne peut s'empêcher d'établir un rapprochement avec un autre gangster : Mesrine. Du coup, même s'il rassemble tous les ingrédients d'un film du genre (fusillades en pleine rue, braquage, guerre avec d'autres mafieux, trahisons ...), L'Ange du mal (Vallanzasca) souffre de la comparaison avec le film de Jean-François Richet. Ici, Michele Placido s'est contenté de brosser le portrait de Renato Vallanzasca, en suivant, sans trop s'attarder, son ascension fulgurante qui a fait de ce petit caïd de quartier une grande figure du crime organisé. On déplore parfois quelques manques de crédibilité : le scénario, traînaille et insiste trop sur certains éléments et pas assez sur d'autres et fini par réellement lasser. Les membres du gang ressemblent plus à des "gugusses" de foire qu'à des braqueurs professionnels.

On en viendrait presque à être déçu par un biopic jamais trop noir ni vraiment très violent. Mais n'oublions pas l'interprétation et la mise en scène plus que réussies, qui sont la véritable force du film. Kim Rossi Stuart, qui campe Vallanzasca, est magistral. Avec sa "belle gueule", son ego et son assurance, il tombe les filles et séduit son petit monde. Bref, il porte à lui tout seul le film de bout en bout. Mention spéciale à son humour cynique qui, à plusieurs reprises, fait sourire. Chapeau également à la mise en scène qui recrée une ambiance très "Seventies", assez froide et sombre qui colle bien avec l'ensemble. Et oui, on est à des kilomètres de la dolce vita, du soleil et de la chaleur habituellement associés à l'Italie.

Les bonus du DVD ne sont pas folichons. Pour nous rassasier : une interview de 9 minutes, dans laquelle Kim Rossi Stuart et Michele Placido reviennent sur la sortie mouvementée du film en Italie qui, vous le verrez, a été boycotté du fait que Renato Vallanzasca, légende vivante, suscite toujours l'intérêt. Le making-of est assez quelconque. Il s'agit d'une petite featurette qui reprend les répétitions de quelques scènes importantes. Vous trouverez également quatre scènes coupées au montage. Signalons aussi la présence de quelques bandes-annonces.

=> Toutes les infos sur L'Ange du mal (Vallanzasca)

Jean-Emmanuel Keller (13 Janvier 2012)