La critique russe éreinte le dernier film de Nikita Mikhalkov

La critique russe éreinte le dernier film de Nikita Mikhalkov

La presse russe a fraîchement accueilli jeudi le dernier film de Nikita Mikhalkov, La Citadelle - Soleil Trompeur 3, troisième volet d'une saga engagée en 1994 avec Soleil trompeur par ce réalisateur critiqué pour son nationalisme, sa proximité avec le pouvoir, et accusé de mégalomanie.

"Parodie d'acteurs entre eux" pour le quotidien libéral Kommersant, "fantasmagorie sans surprise" pour le journal financier Vedomosti, film de Mikhalkov "sur lui-même" pour le populaire Moskovski Komsomolets: au lendemain de la première projection, la presse jugeait sans indulgence ce film du plus connu des réalisateurs russes vivants.

Avec Soleil trompeur, Grand prix du jury à Cannes et Oscar du meilleur film étranger, le réalisateur de Les Yeux noirs (1987) et de Le Barbier de Sibérie (1999) plaçait une famille, celle du général Kotov dont il s'attribuait le rôle-phare, dans le contexte des répressions staliniennes des années 1930.

Son deuxième volet, L'Exode - Soleil Trompeur 2, conçu comme une réponse russe à la vision perçue comme unilatérale de la seconde guerre mondiale par le cinéma américain, plaçait le général Kotov en héros du front à sa sortie du goulag. Le film a été boudé par le public russe et au festival de Cannes 2010.

Dans le dernier volet, présenté à la veille des fêtes de la victoire sur l'Allemagne nazie, Nikita Mikhalkov met son héros à la tête de milliers de civils que Staline veut voir massacrés devant une citadelle tenue par l'ennemi, pour en accuser les nazis.

Outre le rôle-phare toujours tenu par le réalisateur, ses deux filles Anna et Nadia sont à l'affiche, ce qui n'a pas manqué d'agacer la presse, dans le contexte de récentes polémiques sur la mégalomanie supposée et les passe-droits de Mikhalkov, comme le gyrophare officiel dont est muni sa voiture ou son amitié affichée avec le Premier ministre Vladimir Poutine.

"Mikhalkov aurait pu faire un grand film sur une grande victoire. Il aurait fallu qu'il se passe de ses enfants", relève Moskovski Komsomolets pour qui le réalisateur "n'a pas fait un film sur la guerre, mais un film sur lui-même".

"Il est excessif, grandiloquent, le bon goût lui manque terriblement, en particulier par comparaison avec le film de 1994", ajoute le quotidien.

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(5 Mai 2011 - AFP)

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