La Lune de Jupiter : focus sur les films de super-héros « d’auteur »

La Lune de Jupiter : focus sur les films de super-héros « d’auteur »

Mercredi dernier est sorti sur nos écrans La lune de Jupiter. Dans ce film de Kornél Mundruczó, réalisateur de White God, un jeune migrant se découvre des pouvoirs après avoir s'être fait tirer dessus en tentant de passer la frontière. Histoire de rappeler que les productions super-héroïques ne sont pas que les grosses machines Marvel ou DC Comics à plusieurs millions de dollars, ce top s'intéressera aujourd'hui à ces films d'auteur mettant en scène des personnages aux pouvoirs extraordinaires.

 

Super, James Gunn, 2010

 

Issu de l’école de la Trauma, James Gunn s’est intéressé au genre super-héroïque bien avant de signer les deux opus de la saga Les Gardiens de la Galaxie. Dans Super, un looser largué par sa copine accro à la drogue et jouée par Liv Tyler s'improvise super-héros. Un super-héros un petit peu instable psychologiquement qui va doucement s’enfoncer dans l’ultra-violence. Face à un gangster incarné par l’hilarant Kevin Bacon, Super s’alliera à Libby (Ellen Page) dans un délire aussi esthétiquement gore que réjouissant. Les plus sensibles verseront même une larme devant la scène finale et seront bercés par un score très réussi de Tyler Bates. Hautement recommandé !

Incassable, M Night Shyamalan, 2000

 

Auréolé du succès du Sixième Sens, M Night Shyamalan décide de collaborer à nouveau avec Bruce Willis pour signer un ambitieux film de super-héros : Incassable. Ici, pas de super-vilains voulant détruire le monde en commençant par les tours de New-York. C’est un simple accident qui va révéler au personnage principal, David Dunn, une caractéristique incroyable : celle d’être “incassable”. Evidemment, comme toujours avec M Night Shyamalan, Incassable repose sur un énorme cliffhanger qui en surprendra plus d’un. Un cliff qui connaîtra prochainement sa résolution dans la suite d’Incassable prévue pour janvier 2019, Glass.

Vincent n’a pas d’écailles, Thomas Salvador, 2015

 

Réalisé par Thomas Salvador, avec ce dernier dans le rôle-titre, Vincent n’a pas d’écailles incarne une romance plus qu’extraordinaire. Celle entre une jeune femme jouée par Vimala Pons (vue chez Philippe Garrel et Paul Verhoeven, rien que ça) et Vincent, dont la force et les réflexes se trouvent décuplés en présence d’eau. Titré comme “le premier film de super-héros français”, Vincent n’a pas d’écailles est la preuve que notre cinéma peut s’intéresser au genre super-héroïque tout en y insufflant notre culture pour offrir un film réjouissant, loin des conventions. On fonce !

Kick-Ass, Matthew Vaughn, 2009

 

On vous voit arriver, argumentant que Kick-Ass est un gros blockbuster et pas un petit film de super-héros. En fait, si. Car le budget de ce film, estimé à “seulement” 30 millions de dollars, se révèle au final assez petit en comparaison des productions du genre. Dans Kick-Ass, Matthew Vaughn s’entoure d’un sympathique casting, dont le british Mark Strong qu’il est toujours plaisant de retrouver, pour une aventure des plus réjouissantes. Au programme, des scènes d’action bien mises en scène (on se souviendra de Big Daddy dans l'entrepôt ou le passage du stroboscope avec Hit-Girl) et un humour souvent grinçant, même si bien moins “choc” que le comics dont il est tiré. Il faudra cependant oublier Kick-Ass 2, film profondément vulgaire et sans intérêt, pour se concentrer uniquement sur ce premier opus.

Chronicle, Josh Trank, 2012

 

Lors d'une soirée arrosée, trois ados se frottent d'un peu trop près à une mystérieuse substance. Cette rencontre explosive avec un OONC (Objet d'Origine Non Contrôlée) va alors les doter de super-pouvoirs évolutifs, jouissifs... mais dangereux.

Tourné sous forme de journal filmé, Chronicle suit le quotidien (extra)ordinaire d'Andrew (Dane Dehaan), un ado solitaire et malheureux, et de ses potes Matt (Alex Russell) et Steve (Michael B. Jordan). Témoignant de leur exploration, d'abord innocente, de leur nouveaux pouvoirs jusqu'à leur prise de conscience (bonne ou mauvaise) de leur puissance et de leur ascendant sur le reste des "mortels", cette chronique légèrement désabusée dépasse rapidement l'épisode action SF pour se pencher sur les affres de l'âge ingrat.

Caractérisés par leur perte progressive - et plus ou moins voulue - de contrôle, ces ados tiraillés entre le besoin d'exister et celui de conquérir (une fille, la reconnaissance de leur entourage ou... la vengeance) se révèlent toujours plus humains dans leur "exception".

Malin, le long-métrage déroule ainsi une métaphore (à peine voilée) assez juste d'une période de l'existence sans cesse sur le fil, au cours de laquelle "lycée" rime plus souvent avec "difficulté" qu'avec "popularité".

Misfits, Howard Overman, 2009

 

On triche un petit peu en calant une série britannique dans ce classement. Une série culte pour beaucoup de sériephile puisqu’il s’agit de Misfits et ses super-héros bras-cassés et souvent égoïstes. Humour grinçant, intrigues barrées et personnages attachants au programme de ce qui se révèle comme l’un des meilleurs shows du genre. Misfits suit le parcours d’adolescents en plein travaux d’intérêts généraux qui, après une tempête, se retrouvent dotés de pouvoirs en rapport avec leur personnalité. Au fil des épisodes, le tempérament de chacun se dessine et les liens se renforcent. Ici, pas de super-méchants, mais des problèmes du quotidien et une intrigue qui gagne en noirceur tandis que, bonne nouvelle, Howard Overman ne cherche jamais à expliquer la provenance des pouvoirs. En gros, des ado se retrouvent avec des dons incroyables et ne savent pas trop quoi en faire (et donnent parfois l’air de s’en contrefiche).

Nassim Chentouf (24 novembre 2017)