La révolution de la 3-D numérique arrive dans les cinémas français

La 3-D numérique fera son arrivée dans les cinémas français mercredi 17 octobre prochain, avec la sortie du film d'animation Bienvenue chez les Robinson. Le lifting tridimensionnel de L'étrange Noël de Monsieur Jack de Tim Burton suivra dans la foulée, en arrivant dans les salles le mercredi 24 octobre. Attendue comme la prochaine révolution du secteur cinématographique, la 3-D numérique ne devrait pas pour pourtant sonner le glas du cinéma "conventionnel", en 2-D.

Disney se lance dans l’aventure de la modernité

Pour cette première, Walt Disney Studios sort les deux films en trois dimensions dans respectivement huit et six salles de France. Une distribution timide à valeur de test hexagonal, pour ce qui est attendu comme la prochaine « mutation, la seule grosse évolution à prévoir dans le futur » du 7e Art, selon Jeffrey Katzenberg, dirigeant du studio DreamWorks Animation, qui a choisi de proposer tous ses films en 3-D numérique à partir de 2009.

La 3-D numérique s'annonce d'abord comme une mutation technique. Les lunettes cartonnés rouge et vert ont laissé leur place à des « lunettes actives à cristaux liquides dotées d'une technologie embarquée », selon Fabien Buron, directeur technique chez Walt Disney Studios. « Ces lunettes interactives interprètent un signal infrarouge envoyé par un émetteur situé vers l'écran. Elles modifient très rapidement l'opacité des verres pour faire alterner les images destinées à l'oeil droit et à l'œil gauche et projetées sur l'écran. Le cerveau reconstitue alors le relief. » Contrairement aux modèles passifs, qui fonctionnent par rapport à la polarisation de la lumière, les lunettes actives devront être restituées à l'exploitant en fin de séance.

Pour Thierry Henkinet, président de la société Volfini, qui équipe les salles où seront projetés en 3-D numérique les deux films Disney, « la 3-D est une véritable révolution matérielle. Finie la pellicule, place à des données informatiques. Tous les cinémas de France et de Navarre peuvent dès aujourd'hui passer à la 3-D."

Fabien Buron nuance en rappelant que « la 3-D existe depuis des lustres. La grande nouveauté est le couplage du 3-D et du numérique qui libère des 24 images par secondes associées à la pellicule. Les projecteurs numériques créent jusqu'à 72 alternances oeil gauche/oeil droit en une seconde. Cela permet de proposer des films entièrement en 3-D d'1h30 en limitant au minimum le travail cérébral, qui engendrait des nausées auparavant ».

Au-delà de la technique, reste à connaître la réaction des spectateurs. « Le public est demandeur », lance Fabien Buron. Thierry Henkinet évoque même un « effet wahou ». Une emphase tempérée par Fabien Buron, qui souligne en revanche la surprise du spectateur « de pouvoir voir un film qui sort de son écran blanc. Les choses prennent vie, prennent formes. On s'approche du spectacle vivant. »

Aux Etats-Unis, Bienvenue chez les Robinson est sorti le 31 mars dernier. Le spectacle 3-D en numérique a été apprécié des spectateurs qui n'ont pas hésité à acheter leur billet 50% plus cher que le tarif habituel. Le long-métrage a rapporté 7,1 millions de dollars de recettes du 31 mars au 2 avril derniers sur 587 salles équipées, soit le meilleur démarrage de l'histoire pour un film en 3-D.

Des films impossibles à pirater

Susceptible d'attirer un nombre important de spectateurs en salles, la 3-D numérique présente un dernier avantage, non négligeable : ces films sont pour le moment impossibles à pirater.

Si techniquement et économiquement, la 3-D numérique s'affirme comme la mutation annoncée, « elle n'enterrera pas la 2-D », annonce Thierry Henkinet. « Elle concerne une typologie très spécifique d'oeuvres. Le genre le plus à même d'intégrer la trois dimension est l'animation ». Fabien Buron renchérit : « C'est évident pour ce type de films. Il suffit de recréer artificiellement la perspective vue par un deuxième œil au sein d'une image numérique, et donc facilement traitable par ordinateur ».

Pour les autres genres de films, « il appartient à la communauté artistique de s'approprier cette technologie pour que ça ajoute un véritable plus. La 3-D apparaît comme une nouvelle façon de raconter des histoires. Le réalisateur doit se demander si ça vaut le coup », poursuit Fabien Buron. Mais attention, la 3-D numérique ne doit pas devenir gadget. On peut aussi imaginer le passage en 3-D de films de catalogue. Mais ce n'est pas la solution miracle. Comme le passage de films en noir et blanc en couleurs, il n'y pas si longtemps. Est-ce que c'est bien ou pas ? On peut se poser la question. Tout dépendra de la volonté des studios et des réalisateurs. C'est une question de démarche artistique. »

L’Avenir… ?

Malgré le boom annoncé de la 3-D numérique, les films traditionnels devraient continuer à dominer le marché. Selon Thierry Henkinet, « le nombre de sorties de films en 3-D sera limité. Pas plus de trois ou quatre par an ». Car la 3-D numérique coûte cher. D'abord pour les exploitants : « Il faut compter entre 60.000 et 70.000 euros pour équiper une salle d'un projecteur et d'un serveur numérique. A cela s'ajoute les paires de lunettes qui atteignent 50 euros l'unité », estime Fabien Buron.

Développer un film en trois dimensions représente enfin un coût plus important pour les studios de cinéma. James Cameron présentera ainsi le long-métrage de science-fiction Avatar en mai 2009. Le film est assuré d'entrer dans l'histoire. Comme premier blockbuster en 3-D numérique, et pour son budget qui oscille entre 200 et 300 millions de dollars.

(RelaxNews)