Mardi 6 septembre à Venise : Polémiques, romance et cigarettes...

C'est en plein coeur du festival de Venise qu'Abel Ferrara, le champion du cinéma américain indépendant est venu mettre un peu de piment à la sélection officielle, avec son film polémique, Mary, qui traite de la présence controversée de Marie-Madeleine aux cotés du Christ, à travers le prisme d'une série de reportages sur Jésus et la réalisation d'un film sur Marie- Madeleine, incarnée par Juliette Binoche. Le film ne peut laisser indifférent et à Venise, les débats sont houleux surtout quand Ferrara met de son grain de sel, d'entrée de jeu lors de sa conférence de presse, en ce mardi matin.
« Mel Gibson a fait la passion du dollar plus que la passion du Christ", plaisante -t'il en faisant allusion aux millions de dollars de recettes récoltés par le film controversé.
Ferrara, de sa voix moqueuse et cassée, en profite alors pour une petite séance d'autoportrait : « En tant que réalisateur, j'ai grandi selon l'école de Kubrick. Je me sens mieux dans la position du journaliste qui présente des idées.
A un certain moment, quand on parle de religion, on ne peut rester caché derrière un écran, il faut être honnête. J'ai grandi dans la religion catholique et j'ai ainsi depuis longtemps essayé d'imaginer la vie du Christ. »

Plus joyeux et pour tout dire, complètement déjanté, Romance and Cigarettes de l'acteur et réalisateur John Turturro semble avoir trouvé ici son public. Kate Winslet en prostituée au vocabulaire plus que coloré, James Gandolfini poussant la chansonnette aux cotés de Susan Sarandon et Christopher Walken, bref, tout ce petit monde est rempli d'une énergie débordante.
En conférence de presse, une journaliste, un peu choquée par les monologues un brin grossiers de Kate Winslet demande l'utilité de gros mots dans le récit du film. Sans se démonter pour un sou, Turturro lui répond : « Les mots grossiers ont une fonction dans ce film. Tout ne peut être doux et tendre dans la vie. J'ai fait une liste des idiomatiques les plus intéressants dont Susan Sarandon ne soupçonnait même pas l'existence pour certains. »

Du côté de la sélection de la Semaine de la Critique, le comédien Eric Caravaca nous présente en début d'après-midi son premier film en tant que réalisateur, Le Passager qui se révèle assez proche du film de Patrice Chéreau, Son frère ou Caravaca jouait déjà. Il donne ici la réplique à Julie Depardieu. Celle-ci semble intriguer l'animateur italien de la rencontre. A une question sur le plan de carrière de la jeune actrice, cette dernière répond avec malice et entrain : « Il faut essayer de déjouer les pièges de l'acteur. Déjouons ! En fait, j'essaie de ne pas faire les mêmes erreurs que les gens que je connais mais j'en fais d'autres ! » Les fameux « gens que connaît Julie Depardieu » interpellent notre animateur veramente italiano, c'est-à dire tout émoustillé et répétant sa blague, tout ravi de son effet sur cette dernière.

Enfin, à l'heure de la pizza nocturne, bien méritée, on apprend par nos collègues et amis italiens que Truffaut et Resnais restent les cinéastes les plus marquants de l'histoire du cinéma français, tandis que Monica Belluci, si elle sait rester nue et muette, peut être uniquement dans ce cas intéressante.

Ils sont fous ces Vénitiens…

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Laetitia Heurteau (Venise, le 6 septembre 2005)