Martyrs en sursis

La Commission de classification des œuvres cinématographiques préconise une interdiction aux moins de 18 ans pour le film Martyrs.

Le ministère de la culture a déclaré qu’il se prononcera « en fin de semaine, ou en début de semaine prochaine » sur le sort du film Martyrs de Pascal Laugier, qui risque une interdiction aux mineurs.

Cette décision intervient après une recommandation de la Commission de classification des œuvres cinématographiques. C’est à présent à la ministre de la Culture de juger si ce film, qui dépeint la soif de vengeance d’une jeune femme séquestrée et martyrisée dans son enfance, contre ceux qu’elle pense être ses ravisseurs, relève ou non d’une interdiction aux moins de 18 ans, puisque l’avis de la Commission est uniquement consultatif.

Cet avis a pourtant conduit le distributeur du film, Wild Bunch, à annuler la sortie en salles, initialement prévue pour le 18 juin.

Cependant, une menace encore plus lourde pèse sur le film, car cette mesure de restriction pourrait se transformer en « véritable censure économique » selon l’Union des Journalistes de Cinéma (UJC) : «quand un film est interdit aux moins de 18 ans, les chaînes de télévision ne peuvent plus le programmer avant minuit et elles peuvent l’acheter pour une bouchée de pain » a déclaré à l’AFP Philippe Maarek, vice-président de l’UJC.

Le film pourrait également se voir privé de diffusion dans de nombreuses salles, ce qui représenterait un manque à gagner notable. Selon la Société des Réalisateurs de Film (SRF), ce type de mesure « correspond à une interdiction quasi totale de l’exploitation du film ».

« Le degré de violence de Martyrs relève d’une simple interdiction aux moins de 16 ans comme toutes les autres œuvres de ce genre » a déclaré la SRF dans un communiqué. Elle recommande à la ministre de la Culture de « procéder à un réexamen » du film.

« Depuis le promulgation du décret du 12 juillet 2001 restaurant l’interdiction aux moins de 18 ans hors films X, c’est la première fois qu’un film d’horreur français, sans la moindre image à connotation sexuelle, écope d’un pareil avis de la Commission » a spécifié Jean-Jacques Bernard, président du Syndicat de la critique.

Chaque année, sur 500 visas délivrés pas le ministère de la Culture, « seulement un ou deux » font l’objet d’une mesure d’interdiction aux moins de 18 ans.

S.M. (le 3 juin 2008 – Avec AFP)