Omar m'a tuer : Quand Roschdy Zem présente des faits (test DVD)

Omar m'a tuer : Quand Roschdy Zem présente des faits (test DVD)

En 1991, Ghislaine Marchal, une femme mûre issue d’un milieu aisé, est retrouvée morte dans la cave de sa villa. Assassinée de plusieurs coups d’objet contondant et de chevron, elle semble avoir eu dans son dernier souffle l'élan de dénoncer son meurtrier en inscrivant sur une porte, et avec son sang, « Omar m’a tuer ». Faisant immédiatement référence au jardinier de Mme Marchal pour les autorités, la police s’empresse de l’arrêter afin de l’interroger sur les circonstances du meurtre.

Omar Raddad (Sami Bouajila), jardinier marocain d’une trentaine d’année qui parle difficilement le français, travail depuis longtemps pour la victime. Soupçonné d’avoir eu un besoin pressant d’argent, il est accusé d’avoir assassiné son employeur qui lui aurait alors refusé une avance. Malgré des faits et des preuves qui ne semblent pas concorder avec la version de l’accusation, Omar Raddad est reconnu coupable et obtient une peine de 18 ans de prison. Débute alors pour Pierre-Emmanuel Vaugrenard (Denis Podalydès), écrivain et journaliste, une course pour la vérité, et peut-être également pour sauver l’honneur d’un homme.

Les faits, rien que les faits

On pourrait croire que parce que Roschdy Zem a choisi d’emprunter le point de vu d’Omar Raddad, il voudrait indubitablement prouver son innocence. Seulement, jamais le réalisateur ne nous force à penser quoi que se soit, si on en vient à douter de la culpabilité de l’ancien jardinier, ce n’est qu’à travers les faits qui nous sont présentés.

Une fois ce stade passé, il est évident que le récit porte à ressentir de l’empathie pour le personnage, qui, de plus est interprété par un Sami Bouajila extraordinaire, mais il ne fait que raconter le parcours d’un homme « peut-être » innocent, arraché aux siens, traité comme un coupable idéal et malmener durant sept années par une justice qui manque effroyablement de justesse…

Ce film plaira bien évidemment aux défenseurs de la cause d’Omar Raddad, mais aussi, et surtout, aux amateurs de cinéma-vérité dans lequel la question de justice résonne sans cesse dans nôtre esprit, alors que l’on sait encore qu’aujourd’hui, l’honneur d’un homme, bien que libre, n’a toujours pas été lavé, bien que des éléments nouveaux pourraient classer cette affaire traitée d’une manière qui fait honte à la justice française.

Plus loin dans le propos avec le DVD

Impossible pour Roschdy Zem d’écrire un film sur Omar Raddad sans avoir eu son accord au préalable. Il est donc évident que l’on retrouve l’intéressé dans les bonus du DVD. À travers différentes interviews entrecoupées de scènes de tournage (making-of), le metteur en scène explique sa démarche et la manière dont il a voulu exploiter l’affaire Raddad. Ainsi, l’ancien accusé témoigne lui-même de son expérience traumatisante, expliquant que bien que gracié, il sera toujours coupable aux yeux de la France, au mépris de sa famille et de ses héritiers. De ce making-of, on ne retiendra qu’une image, celle d’un homme observant avec émotion la scène, joué par un autre, du jour où, après sept années d’emprisonnement, il a pu retrouver la liberté.

La bande-annonce :

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Audrey Soto (3 Novembre 2011)