Penelope + Pedro forever

Le moins que l’on puisse dire, c’est que la projection d’Étreintes brisées commençait plutôt bien pour nous… Avec une montée des marches en plein après-midi, en projection presse, à côté de Quentin Tarantino –mais vraiment à côté, genre je peux le toucher si je tends le bras. Oui, je sais, Cannes nous réserve bien souvent des moments complètement surréalistes (d’autant que l’on venait juste de croiser Eli Roth qui se baladait tout seul sur la Croisette). Je meurs d’envie de l’arrêter, de lui parler, (et de l’écouter, j’adore sa voix !) seulement j’ai d’un coup la gorge archi sèche, j’ai l’impression d’avoir 12 ans et d’être paralysée… Heureusement, Eléonore ne laisse pas passer l’occaz et échange quelques mots avec Mister Qwentine. The Class Internationale comme on dit. Autant dire que nous voilà d’autant plus excitées de découvrir les 2 heures d’Étreintes brisées…

Le cinéma de Pedro Almodovar a toujours été quelque chose de personnel, d’intime, qui vous touche au plus profond de votre âme… Qu’il vaut mieux découvrir par soi-même pour vivre plutôt que de regarder. Et même si le cinéaste avait parlé de se renouveler, Étreintes brisées n’échappe pas à la règle, et il nous ressasse une nouvelle fois avec grande classe ses thèmes les plus chers. Sans oublier la présence de sa grande muse depuis 4 films maintenant : la sublime que dis-je, la magnifique Penelope Cruz. Personne ne sait mieux que lui la filmer et la sublimer… D’autant qu’il lui offre sur un plateau d’argent un rôle à sa mesure : elle joue à la perfection cette femme au bord de la crise de nerfs, pleine d’amour et de rage, actrice dans son film comme dans sa vie. En construisant son histoire en aller et retour permanent entre passé et présent, le maestro Pedro Almodovar prend un malin plaisir à nous piéger et à recoller petit à petit les pièces d’un puzzle plus triste que jamais.

Du coup, nous voilà en terrain connu dès les premiers plans, et quelques années après Volver et tout sur ma mère on se dit que le plus chevelu des cinéastes espagnols va bien repartir de Cannes avec quelque chose sous le bras. Amours tragiques et contrariées, film dans le film, hommage aux grands réalisateurs (Alfred Hitchcock, Roberto Rossellini, Douglas Sirk – et même lui-même, puisqu’il se paye le luxe de rejouer Femmes au bord de la crise de nerfs…), leçon de vie et de pensée, Almodovar en remet une couche mais comme finalement c’est parfois dans les vieux pots colorés qu’on fait les meilleurs films, on ne va pas s’en plaindre.

Et pourtant, même si l’accueil est plutôt unanime du côté de la Croisette, j’en sors un peu contrariée, pas assez émue, pas assez retournée. On regrette ainsi un peu cette émotion teintée d’humour qui faisait la force de ses précédents films… Et finalement, j’en sors avec une seule envie : retourner voir ces Étreintes brisées pour comprendre pourquoi, cette fois, Almodovar m’a laissé sur le bas-côté…

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Aurélie Vautrin (Cannes, 20 mai 2009)