Persepolis interdit au Liban

Persepolis ne sera pas diffusé au Liban. C’est en tout cas ce qu’ont décidé, à la quasi-unanimité, les autorités compétentes du pays en la personne du chef de la sûreté générale, et proche du Hezbollah. Euh, c’est sûr qu’il est entre dans de bonnes mains le pays, là… Trêve de polémique, tout de suite, les réactions :

Selon lui, « le film donne une image de l’Iran plus mauvaise que sous le Chah ». Le ministre de la Culture lui n’a pas bronché, et semble acquiescer la décision de ces supérieurs. On se souvient que le gouvernement du président iranien Mahmoud Ahmadinejad avait jugé le film « islamophobe » et « anti-iranien ». Pourtant, une version largement censurée avait quand même pu voir le jour en Iran. La décision du gouvernement libanais paraît ainsi d’autant plus radicale.

Les meilleurs observateurs y voient un rapprochement gouvernemental entre les deux pays : « Le Liban serait-il devenu la petite banlieue de Téhéran ? » s’exclame Maria Chakhtoura, la responsable du service culturel dans le quotidien francophone L’Orient-Le jour.

Bassam Eid, le directeur de production qui devait distribuer le film y va lui aussi de sa sentence : « Cette décision est d’autant plus ridicule que l’on peut trouver au Liban, et notamment dans la banlieue Sud de Beyrouth (dominée par le Hezbollah chiite) des copies de ce film vendues à deux dollars ! (…) Ceux qui sont abonnés au satellite, moyennant 10 dollars par mois, peuvent également le voir ».

A en croire ce remue-ménage, Persepolis devient un peu le South Park du Moyen-Orient à la différence que « ce grignotage des libertés (est) destiné à plonger le pays dans les ténèbres, l’isoler de toute ouverture, lui greffer une culture qu’il rejette » précise Maria Chakhtoura.

Une chose est sûre, Marjane Satrapi bien qu’anoblie par deux Césars et une nomination aux Oscar n’est pas la bienvenue en Iran.

F.B. (Le 26 Mars 2008 – Avec AFP).

DERNIÈRE MINUTE !!! Le 27 mars 2008 - Persepolis finalement autorisé au Liban
Après avoir interdit la diffusion de Persépolis au Liban, le bureau de censure est revenu aujourd'hui sur sa décision.
Critiquée par de nombreux acteurs des milieux culturels tant libanais qu'internationaux, cette mesure avait amené Christine Albanel à regretter officiellement ce matin cette décision. La ministre française de la Culture et de la Communication avait formé le vœu que l'interdiction soit levée.
(Avec Le Film Français)