Pina, hommage à une étoile filante (test DVD)

Pina, hommage à une étoile filante (test DVD)

Peu connue du grand public, l’incroyable chorégraphe allemande Pina Bausch disparaît soudainement à l’été 2009. Coup de tonnerre dans le milieu de la danse… et, bizarrement, dans celui du cinéma. Quelques mois après le documentaire Les rêves dansants, sur les pas de Pina Bausch d’Anne Linsel et Rainer Hoffmann, le 61ème Festival International Du Film De Berlin 2011 a pu découvrir, en février dernier, le renversant Pina de Wim Wenders.

 

Dansez, dansez sinon nous sommes perdus...

Si on rechigne à utiliser le terme fourre-tout d’OVNI cinématographique devant l’œuvre de Wenders (et auquel la chorégraphe et amie du cinéaste avait participé avant sa disparition), force est de constater que celle-ci a de quoi déconcerter. Long-métrage (porté par l’Ensemble du Tanztheater Wuppertal, la troupe de Pina Bausch) quasi intégralement dansé et diablement filmé grâce à la technologie 3D, Pina est une déclaration d’amour au corps, à la danse, à Pina et, surtout, au cinéma.

Loin des vaines agitations des dernières (grosses) productions en 3D, Pina révolutionne – déjà ! – ce style naissant avec une énergie foudroyante. Jamais encore on n’avait vu pareils tableaux prendre vie sur grand écran. Totalement au service des chorégraphies organiques et radicales de Bausch, le film – parfois âpre de par son intransigeance – s’articule autour des quatre ballets majeurs (dont Le Sacre du Printemps, Full Moon et surtout Café Müller) de l’artiste et de témoignages – racontés en mots et en pas de danse - de ses danseurs. C’est d’ailleurs au cœur de ces derniers que l’on découvre les plus belles trouvailles : sortant la danse des lieux clôts et prouvant ainsi que sa vraie place est en liberté, Pina la montre sauvage et fragile, légère ou furieuse, remplissant l’espace même le plus incongru.

Bizarrement aussi surréaliste qu’humain, le Pina de Wim Wenders se révèle une expérience radicale, certes, mais terriblement magnétique.

 

Le DVD

Le film de Wim Wenders s’accompagne d’un passionnant (et didactique) making of mené par le cinéaste lui-même. Développé en cinq chapitres, le module nous prend par la main en toute simplicité, narrant la genèse de Pina ou dévoilant discrètement quelques morceaux de danse inédits. Mais le principal attrait de ce making of de près de quarante minutes s’avère surtout être le travail d’explication et de démonstration du processus d’un tournage en 3D. Fascinant.

=> Toutes les infos sur Pina

Eléonore Guerra (22 Septembre 2011)