Pirates des caraïbes 4 ou la revanche de Cook

Pirates des caraïbes 4 ou la revanche de Cook

Après la démission du président de Disney Studios, la participation de Johnny Depp à Pirates of the Caribbean : On Stranger Tides semble plus que jamais compromise.

La démission de Dick Cook

Trente ans après son entrée chez Disney en tant que machiniste du train, Dick Cook était parvenu à devenir président du groupe en 2002 ; une ascension à l’Américaine comme on n’en voit que dans les films. Mais vendredi dernier, le conte de fée a viré au drame, et la « démission » involontaire fait l’effet d’un raz-de-marée dans les faubourgs d’Hollywood. Chacun s’en émeut et la plupart des techniciens ou artistes vantent la capacité de dialogue du regretté producteur, distributeur, professionnel ou plus encore…

Un homme au parcours professionnel si admirable force le respect, d’autant que la plupart de ses collaborateurs lui reconnaissent un don pour découvrir des talents, et entretenir des relations de confiance avec les gens. De nombreux réalisateurs, producteurs ou acteurs l’ont apprécié dès sa prise de position en 2002. C’est d’ailleurs ainsi qu’il a permis les plus beaux partenariats Disney, que ce soit le rachat de Pixar, la distribution des films Dreamworks (Steven Spielberg est un ami !) ou la coproduction des Pirates des Caraïbes avec Jerry Bruckheimer.

Dans une stratégie purement financière, le PDG de Disney - Robert Iger - a connu d’importantes divergences avec la vision de Dick Cook. Ce dernier, présenté comme quelqu’un d’ouvert mais de conviction s’est parfois fermement opposé aux décisions de groupe, à tort ou à raison. L’ennui, c’est que les résultats récents avec quelques flops inhabituels (Confessions d'une accro du shopping ou La Montagne Ensorcelée par exemple) ont donné raison à la hiérarchie. Sur le court terme, Disney Studios accuserait des baisses de profit avoisinant les 97% ; ce qui ne veut pas dire grand chose dans une stratégie globale, mais peut avoir des répercussions fracassantes en bourse (notamment avec le rachat de Marvel).

Depuis son arrivée à la tête du groupe, Robert Iger a développé une stratégie de licence et d’acquisitions ; qui incite davantage à développer chaque film, attraction ou jeu vidéo sur tous les « supports » Disney d’une part, et déléguer la création aux entreprises rachetées. Dans cette logique, Disney fait confiance à Pixar pour les films d’animation ou Marvel pour créer des super héros exploitables partout… Et dans cette logique, le conflit était presque inévitable entre les productions Disney Studios et les autres. L’année 2009 est un revers pour Disney Studios dont les résultats sont mauvais, alors que ceux de Pixar (avec Là-Haut) sont excellents. Être à l’origine de ce rachat et produire plus de 63 films qui ont passé la barre des 100 millions $ de recettes, n’auront pas suffi à sauver Dick Cook !

La revanche par ricochet du capitaine Cook

Mais le retour du bâton s’est fait sentir dès l’annonce de son départ. D’abord, Steven Spielberg s’est attristé du limogeage non assumé de son ami, tout en précisant que le partenariat Dreamworks/Disney n’était pas remis en question pour l’heure.

En revanche, Johnny Depp s’est dit très attristé par la fin de « l’ère Cook ». C’est ce dernier qui, seul contre tous, avait cru au formidable acteur de Dead Man pour jouer Jack Sparrow, dans Pirates des Caraïbes, la malédiction du Black Pearl (première adaptation d’une attraction au cinéma, toujours dans la même stratégie).

Quand l’acteur avait présenté sa vision du personnage, sorte de Keith Richards au comportement original pour un pirate, seul le président de Disney Studios avait cru en cette vision novatrice, et avait soutenu Johnny Depp jusqu’au bout, lui offrant ainsi l’un des plus beaux rôles de sa carrière. Cinq ans plus tard, il s’en souvient et confie au Los Angeles Times son amertume et ses doutes quant au prochain volet de la saga : « Il y a une faille, une cassure dans l'enthousiasme que je porte au film. »

Après les abandons successifs de Keira Knightley, Orlando Bloom et Gore Verbinski, l’ultime pirate pourrait donc quitter le navire ! Seulement une semaine après lui avoir enfin trouvé un titre, le projet pourrait tomber à l’eau… Car si la loyauté et la reconnaissance de l’acteur doivent honorer Dick Cook, Johnny Depp ne se sent pas du tout redevable du prochain responsable de Disney Studios. Sauf excellent scénario, il faudra briller pour redonner envie au pirate !

Du côté du remplaçant d’ailleurs, certains noms circulent déjà (Kevin Feige de chez Marvel, Stacey Snider de Dreamworks et Rich Ross de Disney Channel) mais il y a d’ores et déjà un favori : John Lasseter. Ce fondateur de Pixar, excellent communiquant avec les artistes en général, est le prétendant idéal. La croissance de sa société n’a cessé depuis 1981 et le Lion d’Or reçu à Venise pour l’ensemble de l’œuvre de la société, il y a quinze jours, résonnait comme une consécration.

Place au doute à présent, avec ce tsunami intriguant chez Disney, et l’annulation probable de Pirates of the Caribbean : On Stranger Tides pour le moment. Le prochain directeur de Disney Studios aura fort à faire pour commencer, tandis que Johnny Depp pourrait surtout jouer dans le Don Quichotte de Terry Gilliam s’il était libre l’an prochain ; qui sait ?

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Pierre-Olivier Bonne (22 septembre 2009)