Rabbit Hole ou l'épine dans le coeur (test DVD)

Huit mois après la disparition de leur fils, Becca et Howie redonnent peu à peu un sens à leur vie. Howie tente de nouvelles expériences tandis que Becca préfère couper les ponts avec une famille trop envahissante. Contre toute attente, elle se rapproche du jeune homme responsable de la mort de leur enfant. Cette relation étrange va permettre à Becca d'être enfin en paix avec elle-même.

 

Pudeur et absence

Le royaume des larmes est décidément un monde bien mystérieux et si le film de John Cameron Mitchell (une adaptation sobre de la pièce de David Lindsay-abaire) nous le prouve une nouvelle fois et de façon indéniable, c’est toutefois avec sincérité, délicatesse et humilité.
Tomber maladroitement dans le pathos lacrymal aurait pourtant été chose aisée, cependant le réalisateur de Hedwig and the Angry Inch a su prendre ce terrible drame familial à bras-le-corps et le transcender, en toute simplicité, en un road trip intérieur esquissé pudique et juste.

Ici, point de performance(s) d’acteur(s), de musique écrasante ou de flashbacks appuyés qui vous mettent les doigts dans les yeux pour vous faire pleurer. La douleur et la peine rôdent, main dans la main, invisibles et silencieuses dans un quotidien effrayant de banalité malgré la terrible absence de l’enfant décédé. Le couple s’éloigne et tombe, pas de Dieu ou de grand combat pour le rattraper. Le deuil, c’est avant tout une quête de survie pour ceux qui restent.

Si Rabbit Hole s’égare parfois dans des chemins de traverse (notamment dans l’ébauche de relation entre Becca et Jason, l’ado qui a renversé son fils), John Cameron Mitchell sauve néanmoins son sujet du mélo grâce à une sensibilité discrète (que l’on avait déjà pu déceler dans Hedwig and the Angry Inch et dans Shortbus) qui lui permet d’explorer la routine, de filmer l’éloignement des corps et des esprits, de témoigner du regard des autres et d’interroger la culpabilité du cœur. Usant d’une image sobrement adoucie contrebalancée par une série de dialogues incisifs, le cinéaste offre la tragédie humaine d’un accident domestique. Sans flamboyance, mais avec la fulgurance de ce qu’on tremble de connaître un jour.

 

Le DVD

Pas grand-chose à se mettre sous la dent du côté du DVD, malheureusement. Esthétique et technique s’avèrent efficaces, certes, mais les bonus sont plutôt maigres. Passée la bande-annonce du film, on jettera un rapide coup d’œil du côté des quatre interviews disponibles pour se voir certifier par Nicole Kidman, Aaron Eckhart, John Cameron Mitchell et David Lindsay-abaire que oui, Rabbit Hole était une histoire importante à raconter. Hum hum… (tout) Petit plaisir coupable toutefois : entendre poindre l’accent australien (toujours si académiquement retenu) de Kidman au détour d’une réponse. Rien à voir avec le film, c’est vrai, mais bon, on vous avait prévenus.

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Eléonore Guerra (18 Août 2011)