Red : les papys voient rouge (DVD)

Red : les papys voient rouge (DVD)

Quelle place accorde-t-on aux seniors et aux retraités dans la société ? Quel sort leur réserve-t-on ? Ces questions font actuellement débat en France et ailleurs. D'une manière plus légère, mais pas dénuée de réflexion, elles sous-tendent Red. Car il ne faut pas se voiler la face, Red est avant tout un film "générationnel", en cela que ses personnages principaux ont tous dépassé la soixantaine et sont tous plus ou moins à la retraite.

Red, c'est un peu "Les Papys font de la résistance", un film d'action dont les héros ont les cheveux blancs (ou pas du tout, mais Bruce Willis a-t-il jamais un cheveu sur le crâne ?). Il n'y a pas à dire, le pitch est percutant : des agents de la CIA à la retraite sont dans la ligne de mire de leur ex-employeur qui les juge encombrants, mais ils n'entendent pas se laisser faire. Et quand ces papys sont incarnés par les poids lourds d'Hollywood Bruce Willis, Morgan Freeman et John Malkovich, on se dit que c'est trop beau pour être vrai. Mais une fois n'est pas coutume, le film est plutôt à la hauteur de ses promesses. Sans réinventer le film d'action, Red est un pur divertissement, servi par un casting exceptionnel, remuant peu les méninges mais redorant le blason du troisième âge.

La réussite de ce divertissement tient principalement au cocktail maîtrisé entre comédie et action

Dans les grands lignes, c'est d'abord un film d'action. Ainsi dès les premières minutes, Frank Moses, le personnage principal (incarné par Bruce Willis) déjoue à lui seul un commando de la CIA venu le supprimer au milieu de la nuit. Et tout le film est émaillé de courses-poursuites, de combats à mains nues, et surtout de fusillades. Des scènes efficaces, quoique pas toujours vraisemblables (quand Malkovich alias Marvin fait exploser d'une balle de pistolet la roquette qui se dirige vers lui). Mais peu importe, car le film ne se prend pas vraiment au sérieux et comporte une bonne part de comédie. Et ceci notamment grâce à l'excentricité des deux personnages incarnés par Mary-Louise Parker et John Malkovich.

Mary-Louise Parker est Sarah, la conseillère bancaire de Franck, qui flirtait avec lui au téléphone jusqu'à ce qu'il l'enlève après que la CIA l'a pris en chasse. Sarah est donc naturellement un peu déconcertée par la situation, d'autant qu'elle était déjà un peu paumée avant cela. Et l'actrice excelle dans ce rôle de looseuse magnifique, entre désespoir et rage de vivre, qui présente des similitudes avec la mère dealeuse qu'elle incarne dans Weeds.

John Malkovich joue Marvin, un ex-agent de la CIA décérébré par une cure intensive de LSD. Paranoïaque, il vit reclus dans un abri atomique d'un coin de la Floride, et est à raison obsédé par l'idée que la CIA cherche à l'éliminer. Malkovich est plus que crédible dans le rôle de ce pyschopathe puéril légérement bipolaire.

Concernant le casting, il faut aussi signaler les apparitions jouissives de Ernest Borgnine en archiviste malicieux de la CIA, de Brian Cox en ex-agent russe, et de Richard Dreyfuss en vendeur d'armes amoral.

La morale de l'histoire elle aussi n'est pas tout à fait orthodoxe

En effet, dans Red, les conflits sont plus générationnels que manichéens. Si Frank Moses et sa bande sont aujourd'hui pourchassés par la CIA, cela ne veut pas dire qu'hier ils n'effectuaient pas les basses oeuvres de l'agence. Moses, auparavant impitoyable et au coeur de pierre, s'éprend de la jeune Sarah et s'accroche à la vie, tandis que le jeune William Cooper (l'agent chargé de le pourchasser, joué par Karl Urban) bien que marié ne pense qu'à sa carrière sans réfléchir au bien-fondé de sa mission. De même, au coeur de l'action, les agents retraités sont clairement en infériorité numérique, mais ont suffisamment de bouteille pour semer la confusion parmi les petits nouveaux. Contrairement aux bourgeois de Brel, les agents de la CIA plus ça devient vieux plus ça devient bon.

Le DVD n’a pas à rougir

Si vous n'aviez pas encore saisi le titre du film, le DVD vous le rappelle : aussi bien dans le packaging que dans les menus, la couleur dominante est le rouge. D'ailleurs on ne sait pas très bien si Red se rapporte à la couleur rouge (genre code rouge) ou est lié au pseudo-sigle cité dans le film (Retraités Extrêmement Dangereux). Quoiqu'il en soit, le DVD vous fait comprendre que c'est un film avec des vieux et de la castagne.

L'interface des menus est agréable, avec en fond sonore les différents thèmes musicaux du film, et en arrière-plan dans le menu principal des extraits des scènes les plus spectaculaires présentés avec de sympathiques effets de split-screen. Les interviews et making-of des effets spéciaux sont assez banals, voire ennuyeux. A voir les scènes coupées, on comprend pourquoi elles ne figurent pas dans le film.

En revanche, en ce qui concerne la CIA on est servi : tout d'abord le commentaire audio instructif de Robert Baer, ex-agent de la CIA, et consultant sur le film. Mais aussi une bonne surprise : deux courtes animations sur "les dossiers secrets de la CIA", où on nous apprend les moeurs peu orthodoxes de l'agence dans un petit clip au dessin très épuré. On en redemande.

Enfin, sans surprise, on préfère toujours la version originale sous-titrée à la version doublée. Doublage difficile à supporter notamment pour Mary-Louise Parker, affublée en français d'une voie de pintade stupide.

=> Toutes les infos sur le film Red

Raphaël Pasquier (17 Mars 2011)