Retour à mi-parcours sur le festival des Antipodes de St Tropez…

Jeudi 20 octobre…

Le cap du mi-festival est passé et l'intensité de l'événement va en crescendo : nombre d'invités, spectateurs dans les salles, gens dans les soirées…. Cette 7e édition des Rencontres Internationales du Cinéma des Antipodes de St Tropez avait débuté plutôt sagement mais en sent, enfin, le rythme de croisière atteint.
Bernard Bories et toute son équipe se donnent beaucoup de mal pour que tout se passe pour le mieux. L'événement est encore jeune et c'est bien connu, plus un festival est petit plus la sympathie de l'équipe et l'ambiance générale sont importantes. Le festival de Saint-Tropez a déjà réussi cette partie-là.
Les films que nous proposent les organisateurs sont également remarquables. Dans la grille des programmes de ce jeudi YELLOW FELLA et ONE NIGHT THE MOON ont tout particulièrement touché les spectateurs.

YELLOW FELLA est un documentaire de 25 minutes d'Ivan Sen présenté en Sélection Officielle, Section Un Certain Regard au Festival de Cannes 2005. Le réalisateur accompagne Tom E. Lewis dans son voyage à la recherche d'un bout de son passé. Tom E. Lewis est un acteur de mère aborigène et de père gallois. Durant le périple à travers les grands espaces australiens, il nous parle de sa vie de « petit blanc » chez les aborigènes et de « petit nègre » chez les Australiens blancs. Avec beaucoup de tristesse, d'humour et d'ironie, l'acteur nous narre le fossé qu'il existe entre les deux communautés.
Le réalisateur profite de l'occasion pour faire parler également la mère de Tom E. Lewis, de sa vie, de la façon dont son oncle l'a donnée au fermier blanc pour qui il travaillait… Un voyage passionnant.

Le documentaire était projeté dans la même séance que le moyen métrage ONE NIGHT THE MOON (Une Nuit La Lune ) de Rachel Perkins. Ce drame musical basé sur une histoire vraie est la chronique du racisme ordinaire du Outback australien en 1932.
Une petite fille sort de chez elle en pleine nuit à la poursuite de la lune. Quand ses parents découvrent son absence, ils partent à sa recherche avec les blancs de la région. Mais la personne la plus à même de retrouver la trace de la petite est Albert, un pisteur aborigène, mais pas question pour le père de laisser un noir pénétrer sur ses terres. Ces terres justement qui sont l'autre grand thème du film ; pour le blanc se sont « ses terres », pour l'aborigène « il est ces terres », la différence entre les deux est à partir de là, insurmontable.
La tristesse de l'histoire est en effet décuplée par une musique magnifique et ce face-à-face en chanson entre le père et le pisteur au sujet de la terre, mais pas seulement.
Le film est tout simplement magnifique !

Vendredi 21 octobre…

Vendredi débute la dernière ligne droite du festival des Antipodes qui s'achève dimanche mais dont la cérémonie de clôture a lieu samedi soir. Les invités sont de plus en plus nombreux, le jury devrait enfin être complet et pour compléter le tout, le début de la braderie de Saint-Tropez devrait drainer encore plus de spectateurs au cinéma la Renaissance et à la salle Jean Despas. Bien évidemment le fait que la fin du festival coïncide avec ce grand événement de la vie tropézienne qu'est la braderie ne doit rien au hasard, bien au contraire.
Malheureusement pour nous, il est l'heure de quitter les Antipodes pour revenir, en TGV, dans « notre » bout du monde. L'heure du premier bilan a donc sonné. Le festival des antipodes est un grand professeur. Professeur de cinéma australien et néo-zélandais, bien sûr (cinéma qui mérite vraiment plus de considération), professeur d'art via ses expositions et peut-être le plus important professeur de tolérance.
La plus part des films proposés aux Antipodes sont non seulement beaux et biens réalisés mais surtout touchants, profonds et intelligents. Ils nous enseignent beaucoup sur les habitants du bout du monde : sur les Aborigènes, sur les Maoris et aussi sur les Anglo-saxons. Sur leurs différences, leurs points communs, leurs rêves, leurs peurs, leur quotidien…
Moi qui ne connaissais de ces pays, quasiment que leurs équipes de rugby, je sais désormais pourquoi je suis venu à Saint-Tropez et pourquoi, surtout, je ferai mon possible pour revenir.

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7ème Rencontres internationales du Cinéma des Antipodes de Saint-Tropez 2005

Pablo Chimienti (21 octobre 2005 - St Tropez)