Rêves d'or, oeuvre coup de poing sur de jeunes migrants latinos

Rêves d'or, oeuvre coup de poing sur de jeunes migrants latinos

Rêves d'or, premier film du Mexicain Diego Quemada Diez en salles mercredi, est une oeuvre coup de poing sur de jeunes latinos, originaires du Guatemala et du Mexique, bien décidés à rejoindre leur eldorado, les Etats-Unis, au péril de leur vie.

Le titre original du film, en salles mercredi, "La jaula de oro" ou "la cagée dorée" fait référence au nom donné aux Etats-Unis par les migrants d'Amérique centrale qui ont réussi à passer la frontière.

Diego Quemada Diez concentre son histoire sur Juan, Sara et Samuel, des adolescents guatémaltèques qui entament leur quête du graal, rejoints au Mexique par Chauk, un indien Tsotzil qui ne parle pas espagnol, et deviendra la tête de turc de Juan.

Les plans larges de paysages idylliques - rivières, montagnes, déserts - contrastent avec la cruelle réalité d'un voyage qu'entreprennent chaque année des milliers d'hommes, de femmes et même d'enfants, dont beaucoup n'atteignent pas leur but, victimes des narcotrafiquants, de policiers corrompus, des milices civiles américaines surveillant la frontière. Même les relations entre candidats au rêve sont parfois âpres.

" Le film est bâti sur les témoignages de migrants, sur leur vécu ", racontait en mai à l'AFP à Cannes Diego Quemada Diez, une des révélations du dernier Festival de Cannes, où le long-métrage était présenté dans la sélection "Un certain regard".

Le cinéaste de 44 ans a commencé à travailler sur ce film en 2003 lors d'un voyage à Mazatlan, ville côtière de l'Etat du Sinaloa, sur le Pacifique, où le cinéaste se rendait pour un documentaire.

 

La caméra, un personnage de plus

" Je m'étais lié d'amitié avec un chauffeur de taxi qui m'a invité à habiter chez lui, près d'une voie ferrée. Tous les jours, on voyait des centaines de migrants qui descendaient des trains pour quémander de l'eau ou de la nourriture. C'est là que j'ai commencé à recueillir des témoignages qui ont servi de trame au scénario ", poursuit-il.

" Pour moi, ce sont des héros qui sacrifient leur vie pour leur famille et sont obligés de quitter leur pays. J'ai ressenti le devoir de raconter aux autres leur histoire ", poursuit le réalisateur qui a travaillé avec des acteurs non professionnels à qui il n'a jamais donné le scénario, mais chaque jour des morceaux de scènes, pour avoir " une expérience viscérale ".

Quemada Diez a cherché pendant des mois ses héros, dénichés parmi 6.000 enfants d'une quinzaine d'années à l'époque: Brandon Lopez (Juan) et Karen Martinez (Sara), du Guatemala et Rodolphe Dominguez (Chauk), au Mexique, le plus difficile à débusquer.

Le cinéaste a fait ses armes comme assistant auprès du réalisateur britannique engagé Ken Loach, " un maître, un magicien ". "Avec lui, j'ai appris que la caméra peut être comme un témoignage, en étant toujours à hauteur d'épaule, ou un personnage de plus ", poursuit le cinéaste mexicain qui rêve que son film change la vision des hommes sur l'immigration, notamment dans la classe moyenne américaine.

Les trois héros du film, venus récemment à Paris présenter le film, poursuivent un autre rêve. " Je n'aurais jamais pensé quitter un jour l'endroit où je vivais au Guatemala ", a raconté Brandon Lopez (Juan).

Tous au départ avaient pris ce tournage comme une expérience. Aujourd'hui, ils veulent continuer le métier d'acteur. Rodolfo Dominguez, qui ne parlait pas espagnol, continue d'apprendre cette langue.

Quant à Diego Quemada Diez, il prépare un nouveau docu-fiction, sur une thématique environnementale cette fois.

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(2 Décembre 2013 - Relax News)