Senna : un docu passionnant sur un sportif hors normes (notre avis)

Le 1er mai 1994, le pilote de F1 superstar Ayrton Senna succombait dans un terrible accident lors du Grand Prix de Saint-Marin en Italie. En une fraction de seconde, l’homme disparaissait et une carrière folle s’interrompait. En une fraction de seconde, pourtant, une légende commençait. L’homme qui avait rendu le sport automobile médiatique, sympathique (voire glamour) s’en était allé, laissant un public traumatisé et orphelin.

Car, si en seulement dix ans de carrière, le jeune pilote brésilien avait réussi le tour de force de gagner trois fois le titre de champion du monde (en 1988, 1990 et 1991), d’accumuler les victoires en Grands Prix ou de faire vaciller les pilotes les plus chevronnés, Senna avait surtout atteint un degré de popularité et de sympathie (notamment dans son pays où il était un demi-dieu) à ce point phénoménal que son décès sonnera comme un coup de tonnerre mondial.

Plus d’une décennie après cette disparition, le Festival De Sundance 2011 a eu l’agréable surprise de découvrir, en janvier dernier, Senna, un long-métrage fascinant signé Asif Kapadia (que le festival créé par Robert Redford couronnera d’ailleurs du Prix du Meilleur Documentaire).

Le film, débarquant demain dans nos salles obscures, mérite largement qu’on s’y intéresse. A travers des images d’archives et des interviews bien souvent inédites et exploitées de manière audacieuse (pas de témoignages face caméra, mais une narration dramatique soignée et dynamique), l’enquête de Kapadia revient sur le destin exceptionnel du pilote et parvient à nous passionner (malgré un sujet pas forcément facile d’accès) avec une aisance presque déconcertante.

De ses débuts en 1984 à sa mort dix ans plus tard, Senna retrace la carrière hors du commun d’un génie aussi talentueux que faillible. Sa foi, ses doutes, son humanisme, son perfectionnisme, mais aussi son arrogance, son insouciance, sa rage et ses coups de gueule (Alain Prost en témoignera), sa personnalité est disséquée avec brio et le tout est courageusement mis en scène à la manière d’une tragédie grecque.

Franchement culotté et sérieusement réussi.

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Eléonore Guerra (24 Mai 2011)