Star Trek : un J.J. Abrams en forme

A l’approche de l’été, la plus grande peur de tout cinéphile passionné est de tomber sur 'le' blockbuster digne de ses pires cauchemars, à savoir une production certes assurée de rapporter un max à ses créateurs, mais qui risque malheureusement dans la plupart des cas de n’être qu’une énorme machine à divertir sans la moindre trace de brains. Autrement dit, un Monsieur Muscle sans cervelle.

Rien de tel ici avec Star Trek. Tout le mérite revient à J.J. Abrams, réalisateur/producteur habitué des scénarios catastrophes intelligents et autres intrigues bourrées d’action bordant le fantastique (Alias, Cloverfield, Lost, Fringe). À l’image de son film, il ne déçoit pas. Une bonne surprise donc, surtout lorsque l’on s’attendait à de l’action à gogo sans réelle substance ou profondeur.

Du solide côté performances des acteurs. On notera d’ailleurs que Chris Pine, dans le rôle de la tête brûlée James T. Kirk se fait quelque peu voler la vedette par Zachary Quinto, parfait interprète de Spock, être hybride tiraillé entre ses émotions humaines et sa logique vulcaine.
Ces deux personnages que tout oppose devront surmonter leurs différences lorsqu’ils se verront servir côte à côte au sein du vaisseau interstellaire USS Enterprise, unis autour d’un même dessein : apporter à la galaxie paix et prospérité en la protégeant contre des ennemis tous aussi redoutables les uns que les autres.

Le ton est donné dès les premières secondes, lorsque l’imposant vaisseau Romulien ennemi le Narada, inquiétant et sombre à souhait, pointe le bout de son nez à travers un trou noir tout aussi intimidant. L’équipage, avec à sa tête Nero (Eric Bana), n’en est pas moins menaçant.

Des effets spéciaux impressionnants, pas étonnant si l’on considère que c’est la société de production de George Lucas lui-même, via sa filiale Industrial Light & Magic, qui est aux commandes de cet aspect particulier du film.

Pour les fins observateurs qui avaient apprécié l’aspect film de vacances (qui tourne mal) de Cloverfield, ils aimeront à retrouver cet effet caméra en main dans certains plans serrés de Star Trek.

L’humour, quoique mesuré et subtil, est par ailleurs au rendez-vous. Mention spéciale au Britannique Simon Pegg, qui interprète Scotty l’ingénieur en titre de l’USS Enterprise, cousin éloigné du lapin Energizer un rien farfelu, et qui n’a perdu ni son accent ni son humour. On s’en réjouit. En effet un autre gros défaut de ces blockbusters estivaux est l’ennui. Des blagues qui tombent à plat et font tout autant de dégâts que les explosions mortelles dont ce type de film a le secret.

A noter également ce clin d’œil à Gene Roddenberry avec le caméo bien pensé d’un des vétérans de la série qui n’a soit dit en passant, rien à voir avec Alfred Hitchcock et ses apparitions du type « Où est Charlie ? ». De quoi faire des heureux chez les fans de la franchise.

Autre atout de taille du film : à l’inverse du Seigneur Des Anneaux, où il n’est pas rare de décrocher et perdre le fil de l’histoire à une vitesse fulgurante, Star Trek est accessible et s’adresse à tous, adeptes et novices, jeunes et moins jeunes. Un premier volet donc, qui 40 ans après le début du phénomène Star Trek est assuré de faire de nouveaux ‘trekkies’.

On attend avec une pointe d’impatience la suite annoncée en 2011.

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Bénédicte Lelong (Le 10 Avril 2009)