Trust : Piégée par la toile (Test DVD)

Trust : Piégée par la toile (Test DVD)

Pour sa deuxième réalisation, David Schwimmer se penche sur les dangers de l’ère moderne et l’évolution des relations familiales en plein drame, à travers Trust, un film franc qui aborde les conséquences du viol tout en servant de message préventif. Focus sur un film contemporain et fort dont on a trop peu parlé.

 

Confiance…

Annie (Liana Liberato), jeune adolescente sportive de 14 ans, est, comme la plupart des jeunes de son âge et de notre époque : accro au net. Le jour où Annie se fait un nouvel ami sur un site de tchat, elle voit en Charlie (le nouveau copain virtuel) un confident, et très vite bien plus. Pendant ce temps, Will (Clive Owen) et Lynn (Catherine Keener), les parents d’Annie, trouvent tout à fait normal que les jeunes échangent grâce aux nouvelles technologies et laissent donc leur fille faire bon lui semble. Seulement lorsqu’ils apprennent qu’Annie vient d’être abusée sexuellement par le fameux Charlie, qui en réalité se révèle être un homme de 35 ans, leur cocon familial s’écroule…

En plein cœur d’une époque où la technologie a pris la place d’un rapport à la vie plus humain, Trust tombe à pique. Voulant exploiter la voie du viol et de ses conséquences, le film de David Schwimmer expose un problème évident de la société d’aujourd’hui : Comment surveiller nos enfants dans un monde où le virtuel, de plus en plus ouvert sur l’inconnu et facile d’accès, prend une grande place dans leur vie ? Où la confiance trouve-t-elle ses limites ?

Plongeant toute entière dans les codes des réseaux sociaux, la mise en scène de Trust mêle aisément tchat virtuel et réalité, nous faisant ainsi participer aux échanges entre Annie et son futur bourreau pour mieux ressentir le danger de la situation et les événements dramatiques qui suivent. Mais c’est aussi, et surtout, un moyen pour nous de mieux comprendre l’état d’esprit de la jeune fille après ce viol qu’elle n’arrivera pas à qualifier de « crime ». Une autre difficulté, celle-ci psychique, s’ouvre alors dans la seconde partie du film.

… Et conséquences

Tout le monde le sait, les réseaux sociaux ont aujourd’hui remplacé les journaux intimes de notre enfance. Trust exploite totalement cette idée en mettant en scène une jeune fille se dévoilant corps et âme à un inconnu. L’ennui n’est pas seulement que l’homme derrière le clavier est un menteur, mais aussi que les parents, responsables de la sécurité de l’enfant, ne réalisent pas à quel point cela peut être dangereux. Car les géniteurs aussi ont changés. Ils semblent désirer de plus en plus d’autonomie, tout comme leur progéniture (ex : la mère d’Annie qui se réjouit du départ de l’aîné de la famille à la fac : « Bon débarras ! »), quittes à en oublier leur rôle de protecteur en étant moins attentifs, plus laxistes…

Ce rapport à la famille, Trust l’exprime au travers de la relation entre Annie (incarnée par la petite nouvelle Liana Liberato, pleine de naturel et époustouflante dans son jeu de transition entre la jeune fille innocente et l’adolescente bafouée) et son père. Une relation qui se voit brutalement testée par une situation difficile, voir impossible à accepter. Le père se tournera vite vers l’obsession de la vengeance, jusqu’à s’éloigner davantage de son enfant que de l’aider. Une situation ambiguë soulignée par le degré d’exposition auquel le père participe à travers son travail (publicitaire), imagé dans de nombreuses scènes où sont dévoilées des affiches de jeunes mannequins dénudées.

Au final, dans un monde où le contact avec l’étranger est devenu si facile, Trust (qui prouve encore une fois que David Schwimmer mérite son titre de metteur en scène), mélange de situations fortes qui vous secouent par tant de justesse, nous incitera à dialoguer avec ceux que nous laissons trop souvent de côté mais qui sont pourtant si proches : les membres de la famille.

Le DVD

Avec un menu qui, il faut le signaler, sort du modèle classique en se basant sur le principe d’un bureau d’ordinateur, le DVD de Trust vous offrira néanmoins des compléments plutôt ordinaires mais pas pour autant dénués d’intérêt.

À travers un making-of de 15 minutes intitulé « Entre les lignes » vous découvrirez ce qui a motivé David Schwimmer à aborder un sujet aussi délicat que le viol et avec lui la difficulté à gérer la situation pour la famille de la victime, le tout mêlé à plusieurs témoignages des membres de l’équipe du film sur le projet et le metteur en scène (fabuleux parce que comédien lui-même). Et pour finir, et continuer sur la voie du classique, de nombreuses scènes coupées vous attendent dans la petite corbeille du menu.

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Audrey Soto (22 Mai 2012)